Au Royaume-uni, un homme arrêté pour un attentat commis il y a... 46 ans par l'IRA
C'est peut-être le dénouement d'une histoire qui a traumatisé le pays. En 1974, deux bombes explosent dans deux pubs du centre ville de Birmingham. Un homme vient d'être arrêté, 46 ans après les faits.
Il a été interpellé mercredi 18 novembre chez lui, à Belfast en Irlande du Nord par des agents de l'anti-terrorisme. Son interrogatoire est en cours, la police ne laisse filtrer aucun détail.
On sait seulement qu'il a 65 ans et qu'il est, d'une manière ou d'une autre, impliqué dans ce double attentat commis en 1974 à Birmingham.
Cette arrestation revêt un caractère exceptionnel parce que c'est la première depuis 45 ans dans cette affaire irrésolue qui a été et reste en effet un traumatisme national.
Victim's sister 'breaks down in tears' after man arrested https://t.co/mM2GlgJ2OF
— Birmingham Live (@birmingham_live) November 18, 2020
Nous sommes le 21 novembre 1974. Un jeudi soir ordinaire à Birmingham, quand deux bombes explosent presque en même temps dans deux pubs du centre ville. Il y a 21 morts et près de 200 blessés.
On est à l'époque au plus fort des violences entre catholiques et protestants nord irlandais, deux ans après le Blooddy Sunday : l'IRA, l'Armée républicaine irlandaise, qui multiplie les actions contre les autorités britanniques est très vite désignée comme responsable (deux de ses activistes ont appelé la police quelques minutes avant les explosions).
Une enquête baclée à l'époque
Mais les autorités sont trop pressées de trouver des coupables, des noms et des visages à brandir devant l'opinion publique. La police extorque des aveux par la violence, produit de faux témoignages.
Six hommes, six nord Irlandais qui étaient venus à Birmingham pour un enterrement se retrouvent à tort jetés en prison. Ils resteront incarcérés pendant 16 ans, jusqu'en 1991, date à laquelle ils sont blanchis et libérés.
This day 29 years ago – 14 March 1991 – the Birmingham Six were released from prison.
— This Day in Irish History (@ThisDayIrish) March 14, 2020
The six men – all Roman Catholics from Northern Ireland – had served 16 years in prison after being falsely convicted of the bombing of two Birmingham pubs, in which 21 people had been killed. pic.twitter.com/xJvNCpdlLM
Leur combat contre l'acharnement de la justice a d'ailleurs été racontée dans un livre et surtout dans le film Au nom du père, sept fois nommé aux Oscars.
Les familles de victimes toujours dans l'attente
C'est une erreur judiciaire magistrale, l'une des plus retentissantes du pays, mais depuis il ne s'est rien passé ou presque. Toujours pas de nom, pas de coupable. Et des familles de victimes incapables de faire leur deuil. Cette arrestation apportera peut-être une réponse à leurs questions.
L'enquête a été rouverte en 2019, notamment pour déterminer quelles étaient les responsabilités de l'État et des autorités publiques.
Inquest into 1974 IRA Guildford pub bombings to reopen https://t.co/vlNx1epms3
— The Guardian (@guardian) January 31, 2019
Plusieurs familles pensent que si les attentats avaient eu lieu à Londres ou à Manchester, les choses seraient allées plus vite.
Face à leur insistance, le mois dernier, la ministre de l’Intérieur britannique, Priti Pattel, s'est engagée à faire bouger les choses. Samedi ce sera le 46e anniversaire de ce double attentat qui pèse encore sur la mémoire du Royaume-Uni.
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