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Au Royaume-uni, un homme arrêté pour un attentat commis il y a... 46 ans par l'IRA

C'est peut-être le dénouement d'une histoire qui a traumatisé le pays. En 1974, deux bombes explosent dans deux pubs du centre ville de Birmingham. Un homme vient d'être arrêté, 46 ans après les faits. 

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
 Deux bombes ont explosé presque en même temps dans deux pubs du centre ville de Birmingham en 1974. (BIRMINGHAM INQUESTS / HANDOUT / MAXPPP)

Il a été interpellé mercredi 18 novembre chez lui, à Belfast en Irlande du Nord par des agents de l'anti-terrorisme. Son interrogatoire est en cours, la police ne laisse filtrer aucun détail.

On sait seulement qu'il a 65 ans et qu'il est, d'une manière ou d'une autre, impliqué dans ce double attentat commis en 1974 à Birmingham.

Cette arrestation revêt un caractère exceptionnel parce que c'est la première depuis 45 ans dans cette affaire irrésolue qui a été et reste en effet un traumatisme national.

Nous sommes le 21 novembre 1974. Un jeudi soir ordinaire à Birmingham, quand deux bombes explosent presque en même temps dans deux pubs du centre ville. Il y a 21 morts et près de 200 blessés.

On est à l'époque au plus fort des violences entre catholiques et protestants nord irlandais, deux ans après le Blooddy Sunday : l'IRA, l'Armée républicaine irlandaise, qui multiplie les actions contre les autorités britanniques est très vite désignée comme responsable (deux de ses activistes ont appelé la police quelques minutes avant les explosions).

Une enquête baclée à l'époque

Mais les autorités sont trop pressées de trouver des coupables, des noms et des visages à brandir devant l'opinion publique. La police extorque des aveux par la violence, produit de faux témoignages.

Six hommes, six nord Irlandais qui étaient venus à Birmingham pour un enterrement se retrouvent à tort jetés en prison. Ils resteront incarcérés pendant 16 ans, jusqu'en 1991, date à laquelle ils sont blanchis et libérés.

Leur combat contre l'acharnement de la justice a d'ailleurs été racontée dans un livre et surtout dans le film Au nom du père, sept fois nommé aux Oscars.  

Les familles de victimes toujours dans l'attente

C'est une erreur judiciaire magistrale, l'une des plus retentissantes du pays, mais depuis il ne s'est rien passé ou presque. Toujours pas de nom, pas de coupable. Et des familles de victimes incapables de faire leur deuil. Cette arrestation apportera peut-être une réponse à leurs questions.

L'enquête a été rouverte en 2019, notamment pour déterminer quelles étaient les responsabilités de l'État et des autorités publiques.

Plusieurs familles pensent que si les attentats avaient eu lieu à Londres ou à Manchester, les choses seraient allées plus vite.

Face à leur insistance, le mois dernier, la ministre de l’Intérieur britannique, Priti Pattel, s'est engagée à faire bouger les choses. Samedi ce sera le 46e anniversaire de ce double attentat qui pèse encore sur la mémoire du Royaume-Uni.

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