Aide de la France à l'Arménie : Le Haut-Karabakh n'est-il qu'une étape pour l'Azerbaïdjan ?
Il n'y a pas que le Haut-Karabakh qui intéresse Bakou, la capitale azerbaïdjanaise. Après le cessez-le-feu de 2020, l’Azerbaïdjan n'a en réalité jamais cessé ses attaques et petit à petit, à bas bruit, il a grignoté 150 kilomètres carrés de terre arménienne, sans aucune réaction internationale.
Le président Aliyev ne s’en cache pas, il veut aussi reprendre le contrôle de toute une zone au sud pour rétablir la continuité de son territoire, aujourd'hui coupé en deux, et aller jusqu'à la frontière avec son allié turc. D’un point de vue géographique, d'un point de vue géopolitique l’Azerbaïdjan a tout intérêt à continuer à faire la guerre à son voisin.
L'Arménie, un problème français pour le monde
Si la diplomatie française s’en mêle, en voulant aider l'Arménie à assurer sa défense, c'est parce qu'après le génocide de 1915, plusieurs dizaines de milliers d'Arméniens se sont installés en France et que cette diaspora s'est renforcée. Paris, sensible à la défense des chrétiens d'Orient, a toujours été aux avant-postes, par exemple quand il s'agissait de réclamer une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu pour dénoncer l'agressivité de l'Azerbaïdjan.
Afficher aujourd'hui un soutien humanitaire, diplomatique et militaire est tout à fait logique, "sans aucun esprit d’escalade", a dit la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, présente à Erevan, la capitale arménienne, mardi 3 octobre. "Le déplacement que j'effectue aujourd'hui est une façon de marquer l'extrême vigilance qui sera celle de la France quant au fait de menacer ou de songer à porter atteinte à la souveraineté de l'Arménie".
L'Europe divisée face au pourvoyeur de gaz
Mais la France est à peu près la seule à s'émouvoir ainsi. Un membre du gouvernement regrette d'ailleurs "l'indifférence" des autres européens. "Ils ont tendance à penser que, parce qu'on a une importante diaspora arménienne, c’est un problème qui relève de la France ! Les esprits sont bien plus tournés vers l’Ukraine".
Bruxelles envisage mollement de revoir ses liens avec Bakou si la crise s'aggrave... mais le document du service diplomatique consulté par l'agence Reuters ne dit rien de très précis. Surtout, il n'évoque pas du tout la question des énergies.
Sur ce sujet, les 27 sont divisés. La France, l'Allemagne et les Pays-Bas sont prêts à taper du poing sur la table, mais d'autres, comme l'Autriche et la Hongrie ne veulent surtout pas toucher aux livraisons, ni se fâcher avec celui qui, depuis l'invasion de l'Ukraine, a remplacé la Russie comme leur fournisseur de gaz et de pétrole. Il va falloir "doser" reconnaît une source au Quai d'Orsay : "Être ni trop mou, pour éviter qu’Aliev se sente pousser des ailes, ni trop dur, pour éviter de se retrouver isolé."
La colère de Moscou
La Russie brille toujours par son absence à ce sujet. Moscou est lié à Erevan par un accord de défense mais Vladimir Poutine ne l'a jamais déclenché, pas plus que n'ont bougé les soldats russes chargés du maintien de la paix au Haut-Karabakh. Poutine est probablement irrité par cet ancien allié qui préfère regarder vers l'Europe.
Mardi 3 octobre, l'Arménie a officiellement adhéré à la Cour pénale internationale, qui a émis un mandat d'arrêt contre le président russe. La colère de Moscou est une autre bonne raison pour que la France ne reste pas seule dans son soutien à l'Arménie.
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