Haut-Karabakh : la "diplomatie du caviar", cet outil d'influence de l'Azerbaïdjan pour redorer son image à l'international

La crise du Haut-Karabakh va-t-elle forcer les pays de l’Union européenne à revoir leur politique vis-à-vis de l’Azerbaïdjan ? C'est en tout cas ce que murmurent certaines sources diplomatiques. L'offensive azérie, qui a abouti à l'exode de 1200 000 Arméniens de cette enclave, est vivement critiquée en Occident. Cependant, Bakou détient plusieurs atouts sur ses partenaires occidentaux, notamment avec ses réserves de gaz, qui représente 2% de la consommation européenne, mais aussi sa diplomatie très influente.

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Depuis son arrivée au pouvoir il y a 20 ans, Ilham Aliev, le président azéri, a tout fait pour tenter d’imposer l’image d’un partenaire de confiance. Mais au début des années 2010, éclate un scandale de corruption au sein du Conseil de l’Europe. Plusieurs membres influents de l’institution ont touché des millions d'euros de la part de l'Azerbaïdjan : c'est la "diplomatie du caviar". "Il y a des déplacements qui sont offerts, des cadeaux, et bien évidemment des enveloppes de cash voire des transferts d'argent", raconte le journaliste Benoît Bringer, réalisateur du documentaire Caviar Connexion diffusé sur Arte. "Ce que veut Ilham Aliev, c'est rester au pouvoir et continuer à profiter de la manne du pétrole et du gaz qu'il y a en Azerbaïdjan."

"Pas de punition, pas de réaction"

À la tête d’un groupe de réflexion sur les questions de démocratie en Europe, Gerald Knaus fait partie de ceux qui ont contribué à faire éclater le scandale. Il explique que les câbles diplomatiques américains décrivent la famille Aliev "comme les Corleone de la Caspienne, c'est une famille mafieuse". 

"C'est le crime parfait ! Vous prenez beaucoup d'argent, vous concentrez vos efforts pour corrompre les gens, pour verser des pots-de-vin. Vous faites ça pendant longtemps, et quand ça sort : pas de punition, pas de réaction ! C'est presque un encouragement à continuer."

Gerald Knaus

à franceinfo

Si 14 membres du Conseil de l’Europe ont été exclus à vie de l’institution, l’Azerbaïdjan n'a, en effet, jamais été sanctionné.