"Tellement de choses merveilleuses me sont arrivées par la suite" : quatre ans après, Thierry Beccaro ne regrette pas d’avoir quitté "Motus"
Le public a découvert et suivi Thierry Beccaro en tant que présentateur d'émissions comme le jeu télévisé de France 2 Motus pendant 29 ans, Télématin en parallèle ou encore de l'émission estivale 40° à l'ombre. Il a remplacé le petit écran et son adrénaline par les planches, et ce métier d'acteur semble le combler aujourd'hui.
Jusqu'au 23 juillet 2023, il est au Théâtre Hébertot dans la pièce Sans rancune, adaptée par Jean Poiret, pièce de Ron Clark et Sam Bobrick, ou l'histoire d'un couple qui semble solide et qui finalement se révèle très fragile, au point d'exploser.
franceinfo : Sans rancune est un regard sur la vie, sur la vie de couple.
Thierry Beccaro : Et c'est un regard éminemment moderne de Jean Poiret. La pièce date de 1973 et il faut que je vous raconte cette anecdote ! Cette pièce, je l'ai jouée il y a 30 ans et je faisais le pizzaïolo qui part aujourd'hui avec ma femme. C'est une pièce sur la lutte des classes, parce que ce type qui est plein de pognon, évidemment il est malheureux que sa femme le quitte. Mais ça aurait été mieux si elle l'avait quitté pour un autre membre éminent du CAC 40. Le fait qu'il soit serveur... Non, c'est une pièce qui est très étonnante à jouer, c'est jubilatoire.
J'ai l'impression que le théâtre a pris effectivement le relais sur cette vie incroyable du petit écran. Ça veut dire que l'adrénaline, elle est là ?
J'ai eu cette chance incroyable de commencer quand j'avais 17 ans. Je jouais au conservatoire de Meudon, Trissotin dans Les femmes savantes de Molière ou Charles VII dans L'Alouette de Jean Anouilh.
"France Télévisions ne m'a jamais empêché de continuer à jouer, à faire mon métier de comédien en parallèle de mes activités télévisées, j'ai donc toujours été sur scène."
Thierry Beccaroà franceinfo
Est-ce que, par moments, vous avez regretté le fait d'avoir demandé à arrêter Motus, qui était vraiment un lien énorme avec cette famille des Français ?
Jamais. Jamais de regrets parce que je prends la décision. Je m'étais dit : je prendrai la main. Je ne veux pas qu'on me tape sur l'épaule pour me dire : "Écoute, ça commence à bien faire". Voilà, je me suis dit c'est moi qui déciderai d'arrêter. Il y avait plein d'autres choses. J'ai écrit deux livres sur mon enfance, un livre qui a été adapté et qui, je crois, sera bientôt diffusé sur France 2. J'ai écrit un livre sur la résilience. Je suis devenu ambassadeur de l'Unicef. Il y a tellement de choses merveilleuses qui me sont arrivées par la suite !
Est-ce que ce livre, Je suis né à 17 ans, avec le recul, vous a permis d'aller mieux ? C'est vous qui aviez rangé l'enfant battu dans le placard en quelque sorte et là, vous avez décidé d'ouvrir les portes du placard et de raconter ce qu'il y avait à l'intérieur.
Des personnes m'ont dit : "Ce que tu vas dire, ça va aider beaucoup de gens, ça va vous ouvrir des portes". Et puis je me suis aperçu que c'était incroyable ! Les gens se sont dit : "Mais si lui, qui a plutôt assez bien réussi, s'en est sorti, c'est qu'on peut y arriver". Et donc, je dis souvent que j'ai reçu les 17 ans d'amour que je n'ai peut-être pas reçus avant et tous ces gens m'ont apporté un réconfort et pour répondre à votre question, l'apaisement.
Est-ce que ce livre a aussi permis de rendre hommage et de réhabiliter en quelques sortes l’image de votre mère qui elle aussi a subi ?
On en parle quand je vais la voir parce que ce n’est pas facile pour elle. On a préparé ce livre ensemble. J’avais besoin d’avoir quelques dates, quelques précisions donc, c’est vrai que c’est douloureux. Mais je lui ai dit récemment : tu sais maman, ne t’offusque pas si les gens viennent te voir en te demandant si c’est vrai ceci ou cela parce que c’est vrai, c’est la vérité et qu’aujourd’hui, ça existe encore. Moi, ce que je raconte s’est passé il y a 30 ans. Aujourd’hui, il y a encore des femmes qui meurent sous les coups de leurs conjoints. Quand il y a des infanticides, il y a des femmes à côté. Quand il y a des féminicides, il y a des enfants à côté. Il ne faut pas se cacher derrière ça. Ce que je fais aujourd’hui, c’est pour aider à ce que les choses s’améliorent. Il y a encore tellement de chemin à parcourir mais on va y arriver !
Le petit garçon que vous étiez dont le père était violent, mais qui savait aussi de temps en temps venir vous dire qu'il vous aimait, est heureux de l'homme qu'il est devenu ?
Ah, j'ai envie de dire grâce à toutes celles et à tous ceux que j'ai rencontrés, puis d'autres rajouteraient : "Puis grâce un peu à toi aussi, Thierry !" Je ne me suis pas mal débrouillé quand même. Un peu grâce à mon père aussi. C'est mon père qui va me faire rentrer à la Maison de la Radio quand j'avais 17 ans. Et c'est lui qui va me faire commencer un été aux droits d'auteur à France Inter.
J'ai l'impression que la radio, justement, vous a aussi beaucoup aidé, qu'elle vous aide sur scène parce que la radio, c'est de l'improvisation.
C'est peut-être ce qui me manque le plus.
"S'il y avait un endroit où j'aimerais bien retourner, si j'avais un petit peu de temps devant moi, c'est à la radio parce que je crois que la radio, c'est la sincérité, c'est la voix. Et puis, franceinfo, c’est ma radio !"
Thierry Beccaroà franceinfo
Votre grand-mère vous a élevé. Quand vous montez sur scène, est-ce que vous pensez à elle ?
J'y pense régulièrement.
Parce que dans cette pièce, il y a une énorme force féminine, en fait.
Alors là, Mémère Anna, c'était quelque chose ! Avec elle, j'ai vécu ce que j'ai appelé ma Felina vita, c'était... J'aurais pu aller au bout du monde avec elle. Ça a été très important dans ma vie.
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