"Le Voyageur d'Histoire" : avec son nouveau livre, Bruno Solo revendique "une curiosité insatiable"
Bruno Solo est comédien, acteur, réalisateur et écrivain. Le public l'a découvert en 1997 dans La vérité si je mens ! Puis en 2001, il y a eu la série télévisée Caméra Café. Au fil du temps, il a su s'imposer dans le paysage de la comédie française, au petit écran comme au théâtre. Il a été nominé aux Molières en 2018 pour son second rôle dans Baby de Jane Anderson. Depuis 2017, il présente l'émission "La Guerre des Trônes" sur France 5 et au fil des saisons, il revient sur l'histoire de l'Europe depuis la guerre de Cent Ans. En 2021, il a publié Les Visiteurs d'Histoire, et aujourd'hui, il va plus loin avec son nouveau livre Le Voyageur d'Histoire aux éditions du Rocher.
franceinfo : Avec Les Visiteurs d’Histoire", le point de départ, c'était un dîner avec des figures emblématiques du passé. Cette fois-ci, c'est vous qui allez à la rencontre de neuf personnages historiques en voyageant à travers l'espace et le temps. Cette suite vous permet-elle d'aller encore un peu plus loin en proposant au public des têtes qui ne sont pas couronnées ?
Bruno Solo : Oui, dans le premier livre, il y avait une sorte de confort dans lequel je m'étais installé puisque je recevais les personnages sans avoir besoin de justifier le fait qu'ils arrivaient chez moi. Tandis que là, l'effort est plus grand.
"C'est plus généreux d'aller chez les autres et d'apprécier qui ils sont, d'apprécier ce qu'ils nous proposent."
Bruno Soloà franceinfo
Ce livre-ci est donc plus romanesque, plus poétique, plus intime aussi, puisqu'à chaque fois je suis obligé de trouver une justification à mon déplacement. Pourquoi vais-je voir Cléopâtre ? Pourquoi vais-je voir Rabelais ? Pourquoi vais-je voir Artemisia Gentileschi ? Je rentre un peu plus encore que dans le premier, dans la psyché des personnages. Et puis j'avais besoin de bouger ! Une fois que vous avez invité 11 personnes chez vous, c'est quand même pas mal de se faire inviter aussi, non ?
On ressent toujours l'œil de votre père qui vous a quitté. Il est toujours là ?
C'est ça ! Il est toujours là, oui, il est inscrit en moi très fortement. C'était vraiment un éclaireur et qui me permettait justement de regarder plusieurs options et de me dire : bah écoute, va, éclaire un peu tes voies différentes et vois celles que tu choisis.
Êtes-vous nostalgique ? Parce que finalement vous allez explorer le passé. En règle générale quand on explore le passé, c'est parce que soit il nous attire, soit au contraire on appréhende de le perdre.
Nostalgique, parfois, il peut m'arriver d'avoir du vague à l'âme comme ça. Mais regardez ce que j'ai marqué en première page du livre. J'ai repris une phrase de Jules Renard qui dit : " Et si le bonheur ne se trouvait pas tout simplement dans le présent". Je ne veux pas non plus être passéiste.
"L'histoire me sert aussi à mieux comprendre qui je suis et parfois avoir le recul sur certaines infos qui circulent."
Bruno Soloà franceinfo
Il ne faut pas non plus tout le temps se tourner dans l'histoire comme dans un refuge mélancolique, nostalgique ou passéiste. Il faut faire attention. Il faut s'en servir, mais il ne faut pas être asservi à l'histoire.
Finalement, la curiosité est vraiment votre socle. N'est-ce pas l'une des choses les plus essentielles ?
Moi, c'est la seule qualité que je revendique à titre personnel. Si j'ai des qualités autres, c'est à ceux qui me connaissent ou pas de les définir, mes défauts aussi, évidemment. Mais il y en a une que je revendique parce qu'elle ne tient qu'à moi, c'est la curiosité, une curiosité insatiable. Ma soif d'apprendre est plus grande que celle de savoir, si tant est que je sache quelque chose. Mon père me disait tout le temps ça, mais je suis passionné aussi et curieux de ceux dont j'ignore tout. Je suis passionné par les sciences et les mathématiques, alors que je ne sais même pas poser une division.
"Ma curiosité l'emporte tout le temps sur ma paresse et je pense qu'une certaine paresse intellectuelle nous précipite dans l'ignorance. Et l'ignorance est le pire ennemi de la liberté. Donc ma curiosité, je la cultive."
Bruno Soloà franceinfo
Vous avez toujours cultivé cette liberté aussi, et vous l'avez même toujours revendiquée.
C'est plus facile de la revendiquer quand on en a des bribes. Je m'en rends compte. Moi j'ai un peu acheté ma liberté avec un programme qui s'appelait Caméra Café, avec mon camarade Yvan Le Bolloc'h, qui nous a donné un petit peu de confort. Dans ce métier si compliqué, parfois si cruel, si bizarre, si étrange, la fameuse phrase : " On est tributaire du désir des autres", est très vraie. Alors quand tout d'un coup, effectivement, vous n'êtes pas que tributaire et vous avez un peu plus le choix, vous avez la chance de pouvoir dire : " Ça, je le fais, ça, je ne le fais pas". Cette liberté, oui, je la chéris. Tout le monde chérit la liberté, mais tout le monde ne peut pas l'atteindre avec la même sérénité, avec le même apaisement. Et c'est bien là l'un des drames essentiels de notre existence.
Vous commencez votre livre en écrivant : "Les voyages forment la jeunesse (... ), mais ils déforment les chapeaux". Est-ce que ce sont les voyages qui vous ont construit ?
"Beaucoup de ce que je suis aujourd'hui, je le dois à ce voyage fait avec mon père à l'âge de 13 ans."
Bruno Soloà franceinfo
Un voyage en particulier, c'était un voyage très rustique. On ne savait pas nécessairement où on allait dormir. Ça a duré quand même presque quatre mois. On s'est promenés, on a fait des rencontres avec des gens. On ne savait pas nécessairement qui on allait rencontrer, mais de vraies rencontres, parfois un peu plus brutales, mais la plupart du temps enrichissantes.
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