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Le regard d'Etienne Daho sur ses 40 ans de carrière : "Le grand sommeil", en 1984, "a sauvé ma peau"

Toute cette semaine, Etienne Daho est l’invité exceptionnel du monde d’Elodie. Un tête-à-tête en cinq chansons qui ont marqué sa vie professionnelle comme personnelle. Aujourd’hui, "Le grand sommeil".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 125 min
Etienne Daho en 1984 sur la pochette de l'album "La notte la notte" (PIERRE ET GILLES / VIRGIN FRANCE)

Étienne Daho passe la semaine sur franceinfo pour revivre des moments forts de sa vie : cinq jours, cinq chansons. Alors qu'il fête ses 40 ans de carrière, il en profite pour rééditer son premier album Mythomane, tout en soufflant sur les dix bougies de son album Le condamné à mort, comprenant un duo avec Jeanne Moreau. Il vient aussi de sortir, il y a quelques semaines, un single inédit, Virus X.

franceinfo : Mythomane, c'était il y a quarante ans, le 10 novembre 1981. Cet album marquait vos débuts auprès du public, mais la musique vous habitait déjà depuis très longtemps. Vous êtes né à Oran, en Algérie française, et le meuble qui a marqué votre jeunesse était une platine vinyle. Vous preniez une chaise, attendiez que votre grand-mère vienne et qu'elle cherche des disques.

Etienne Daho : C'est vrai que je montais sur une chaise. Il fallait soulever un couvercle, assez lourd d'ailleurs, et je savais exactement, j'avais une mémoire visuelle, quel disque je voulais écouter.

Vous avez grandi dans le petit village du cap Falcon. Vos grands-parents vous ont beaucoup élevé. Ils ont ouvert une épicerie-café dans laquelle se trouvait un juke-box. C'est à ce moment-là que la musique rentre vraiment dans votre vie ?

Oui, c'est vrai. J'étais fasciné par cette espèce de choses qui avait l'air d'un Spoutnik ou d'un vaisseau spatial. Et je me souviens, je me glissais entre les jambes des gens et quand ils mettaient une pièce, comme je connaissais tous les numéros, je les mettais, donc les gens venaient se plaindre en disant : "Oui, il y a un petit garçon qui s'est précipité pour mettre un disque".

"J’ai baigné dans la musique dès ma naissance."

Etienne Daho

à franceinfo

J'ai aussi des parents mélomanes donc il y a toujours eu beaucoup de musique à la maison. Mon père jouait de la trompette, il aimait beaucoup le jazz et était vraiment très musique et ma mère aussi en écoutait sans arrêt. 

Vos grands-parents sont arrivés en France après. Là, vous allez vraiment découvrir les groupes, la scène, le fait de jouer, d'avoir un public.

C'est là où j'ai enregistré un 45 tours. Il y avait à l'époque comme des photomatons dans lequel on en mettait une pièce, on enregistrait quelque chose et sortait un vinyle très épais. Et j'avais fait un 45 tours pour la fête des Mères. J'ai exactement la même voix, mais en petit. C'est assez étonnant.

Vous étiez capable de tout pour obtenir et pour toucher du doigt la musique. Vous allez craquer sur un disque des Pink Floyd que vous allez payer au fur et à mesure, ça va prendre des mois !

Oui. Je versais des arrhes à chaque fois que j'avais un petit peu de sous. Je faisais du babysitting et je suis rentré après plusieurs mois avec le trophée à la maison.

"Quand j’étais ado, c'était grandiose d'acheter un disque. C'était vraiment un événement parce qu'ensuite, il faisait le tour des amis. On se le passait."

Etienne Daho

à franceinfo

Les premières et les plus belles rencontres que vous allez faire se font à Rennes avec notamment le groupe Marquis de Sade. Ils vous ont vraiment soutenu, porté et même convaincu qu'il fallait que vous fassiez quelque chose. Ils vous ont accompagné sur le premier enregistrement notamment sur cette maquette de cinq titres pour vous mettre le pied à l'étrier.

En fait, le groupe se séparait après une tournée qui avait été houleuse. Franck Darcel, qui en était le leader, m'a dit : "Écoute, on a un petit peu de temps donc si tu veux, on peut t'aider à peaufiner un peu tes maquettes". J'avais fait quelques maquettes à la guitare avec le guitariste Richard Dumas et ses maquettes sont devenues la fusion de Marquis de Sade et de moi. C'est devenu quelque chose d'un petit peu particulier, un petit peu étrange, un petit peu singulier. Et voilà, c'est ce qu'on retrouve dans ce premier album, avec des chansons un peu teenage aussi, parce qu'il y a des chansons que j'ai écrites quand j'avais 15-17 ans.

Il y a un titre qui va être très important pour vous après la sortie de Mythomane en 1980, c'est Le grand sommeil. Cette chanson va permettre de voir un peu plus loin et d'envisager un deuxième album (La notte la notte, 1984) qui va arriver très vite. Que représente cette chanson ?

En fait, le premier album a été vraiment un gros insuccès, j'en ai vendu quatre à ma famille. J'étais donc sur la sellette, et à l'époque, Virgin était un tout jeune label français qui dépendait de l'Angleterre. Les Anglais regardaient un peu les ventes des artistes que Virgin France avait signé, ils étaient un peu consternés. Moi, j'étais le premier artiste Virgin France et donc ils se sont dit : "Mais ce n'est pas possible. On ne peut pas le garder".

On m'a demandé de faire des maquettes pour un deuxième album et dans celles-ci, il y avait cette chanson que j'ai proposée, qui était une de mes propres musiques, parce que je continuais à travailler avec Franck Darcel et Marquis de Sade. Et de toutes les chansons qu'on leur a proposées, Virgin a dit : "Oui, celle-là, on l'enregistre et on verra". On en a fait un 45 tours et cette chanson a commencé à passer beaucoup en radio. Ça m'a sauvé ma peau !

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