Julien Clerc raconte les coulisses du tube "Mélissa" : "C'est une chanson écrite avant le texte et, étrangement, sans support mélodique"
Julien Clerc, c'est un demi-siècle de chansons, de concerts, d'amour d'un public fidèle composé désormais de plusieurs générations tombé sous le charme de l'artiste qu'il est. Il se raconte toute cette semaine à travers cinq épisodes soient cinq titres devenus incontournables. Après avoir sorti un 26e album Terrien, Julien Clerc est en tournée acoustique avec le spectacle Les jours heureux dans lequel il reprend des chansons d’artistes comme Barbara, Bécaud ou encore Trenet.
franceinfo : Est-ce que la musique vous a construit en tant qu'homme ?
Julien Clerc : Oui, parce que quand on fait ce métier comme il faut, c'est-à-dire qu'on se sert de la musique pour progresser dans la vie, alors on peut dire que la musique vous forme. J'ai toujours eu une chance, c'est d'avoir des goûts très, très larges et de n'avoir aucun a priori sur le style, par exemple. J'écoute quelque chose que j'aime, je n'essaie pas d'analyser pourquoi je l'aime. J'aime cette musique parce qu'elle parle à mon cœur, à mes oreilles, à mon âme. Et ça, ça vous permet de vous former. Parce que quand vous êtes un peu curieux, vous voulez savoir d'où viennent ces musiques après et c'est toujours très intéressant de le savoir.
Au moment de la sortie de Femmes... Je vous aime., on est en 1982, vous allez prendre un gros risque en quittant Pathé-Marconi. Ce n'est pas simple de quitter une maison de disques qui fonctionne pour un petit label.
Je n'ai jamais rien compris à tout ça. J'ai toujours été à peu près bien entouré, en tout cas parfois, je l'ai regretté, car j'ai trop délégué ce genre de décisions, mais je me rends compte finalement, avec le temps que j'ai toujours souhaité être avant tout un artiste. J'ai tort peut-être. Il y a des artistes qui arrivent très bien à être des artistes et en même temps, sinon des hommes d'affaires, du moins des gens un peu plus au courant du reste de la vie. Mais moi, c'est comme ça, j'ai été fabriqué comme ça. Ce qui m'importe avant tout, c'est le côté artistique donc quitter la maison de disques où j'étais en train de devenir un meuble, n’était pas un risque. J'ai refait ça par la suite, ce n'est pas plus grave que ça.
Vous avez toujours été très exigeant avec vous-même d'abord. Il y a un moment, vous vous êtes vraiment cherché, vous aviez des problèmes de voix. Vous avez pris un chemin qui n'était pas forcément le bon, mais vous avez réussi à revenir dans le bon chemin.
On m'a fait comprendre que ma voix était un truc qui était exceptionnel. On peut ne pas l'aimer et je le comprends très bien, mais alors là, pour le coup, c'est mon capital.
Julien Clercà franceinfo
Quand on m'a fait comprendre que ma voix était exceptionnelle, déjà dans un premier temps, je me suis dit : il faut arrêter de déconner, donc je vais la travailler. Et après, surtout, j'ai découvert que le travail de la voix était une chose extraordinaire, c'est-à-dire que c'est une meilleure connaissance de soi-même. Je comprends tous les gens, par exemple, qui font du yoga et j'attends tous mes cours de chant que je continue à prendre évidemment, tout le temps avec impatience. J'attends ce moment-là.
Un mot sur Coeur de rocker, j'ai l'impression que vous êtes rocker jusqu'au bout des ongles.
Oui, c'est un texte de Luc Plamondon, ça a été une chanson très importante parce que tous les autres paroliers étaient fâchés avec le premier d'entre eux, évidemment, Étienne Roda-Gil. Mais Luc est arrivé avec sa culture nord-américaine et il a bousculé tout ça. Il a fait rimer cœur avec rocker, ce qui rendait Roda fou de rage. Mais c'est une chanson que je ne peux pas enlever du tour de chant, au même titre d'ailleurs que Ma préférence (1978), Femmes... Je vous aime. (1982) ou Ce n'est rien (1971). C'est un moment donné où tout le monde, tous les différents, on va dire, tribus qui forment les gens qui aiment mon travail, se retrouvent.
Luc Plamondon a créé quelque chose. Aussi bien avec ’Lili voulait aller danser’ qu'avec ‘Coeur de rocker’, tout le monde se retrouve et danse.
Julien Clercà franceinfo
Au milieu, en 1984, il y a eu La fille aux bas nylon et ensuite Mélissa. Cette dernière va faire de vous un chanteur désirable, ce qui était déjà le cas avec Femmes... Je vous aime., on ne va pas se mentir. Comment avez-vous vécu cette espèce d'adulation par la gente féminine notamment.
Je me souviens, dans les tous premiers concerts, on passait souvent en attraction dans des bals. Les mecs étaient chauds, un peu comme Michel Sardou le décrit très bien dans la chanson Les bals populaires, c'était ça. Eh bien, j'ai toujours été protégé par les filles, c'est-à-dire que j'ai jamais reçu une canette, rien. J'arrivais avec mes chansons dans ce genre d'endroits comme Le cœur volcan (1968), des trucs comme ça, un peu poético-échevelés, ceux de Roda et je n'ai jamais eu un problème. Je voyais bien que les filles leur disaient : "Tu me laisses tranquille pendant 1 heure, pendant qu'il chante".
Que représente Mélissa pour vous ?
Mélissa est une chanson qui est écrite avant le texte et étrangement, sans support mélodique. C'est une mélodie qui me vient comme ça en tête, dans la cuisine ou ailleurs, ce qui arrive souvent. Il y a ce truc qui me vient : "Pinpin Pim Papam" comme ça. Après, je me mets au piano pour trouver les accords qui vont sur cette petite mélodie qui m'est venue comme ça. Et je fais appel à David McNeil pour qu'il m'écrive les mots qui vont dessus.
Julien Clerc sera, entre autres, le 4 mars 2023 à Vittel, le 9 à Gap, le 18 au Cap d’Agde, le 25 à Boulogne-Billancourt , le 6 avril à Bollène, le 29 à Bayonne, le 30 juin à Bouillargues etc…
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.