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Clotilde Hesme sur scène dans la pièce "Stallone" : "C'est l'éloge de la persévérance"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la comédienne Clotilde Hesme. Elle est actuellement sur scène dans la pièce "Stallone", adaptée du livre d’Emmanuèle Bernheim.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
La comédienne Clotilde Hesme lors du festival du film américain, à Deauville (Calvados) le 7 septembre 2018 (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Clotilde Hesme est actrice. Son interprétation d'Angèle, jeune femme à la dérive et désargentée dans le film Angèle et Tony, d'Alix Delaporte (2011), lui a valu le César du meilleur espoir féminin. Son rôle dans le film Chocolat de Roschdy Zem, avec James Thierrée et Omar Sy, n'est pas non plus passé inaperçu.

Elle monte sur scène au Théâtre du Petit St-Martin pour la pièce Stallone, adaptée du roman du même nom d'Emmanuèle Bernheim.

franceinfo : Le titre Stallone fait très "testostéroné", mais pas du tout. Vous gardez ce regard féminin, qui aime se mêler au masculin.

Clotilde Hesme : Oui, j'ai toujours été assez indéfinie au niveau du genre.

C'est l'histoire de Lise, une jeune assistante médicale reboostée par un film et donc par un personnage, celui de Rocky Balboa. Vous allez vous battre comme lui et reprendre vos études, il va devenir le héros de votre vie, en quelque sorte. On a besoin de ça, d'être stimulé par des gens, par des héros, par des personnalités ?

Le texte d'Emmanuèle Bernheim, Stallone, m'a remis en mouvement, m'a donné envie de faire du théâtre, de le retrouver. À travers elle, j'ai le sentiment de me raconter, au même titre que Stallone avait le sentiment de parler à travers Rocky Balboa. Il y a un effet de miroir très vivifiant, très drôle.

"On a besoin de s'identifier. On a besoin d'être réveillé aussi par des œuvres qui nous bouleversent, qui nous émeuvent, qui nous remettent en mouvement."

Clotilde Hesme

à franceinfo

Il y a aussi un contrepoint très drôle dans la personne de Pascal Sangla qui m'accompagne sur scène, qui est musicien et acteur et qui représente un peu tous les personnages qui gravitent autour de Lise. Ce personnage, cette femme qui, après avoir vu Rocky 3, réinvestit sa vie, son désir et retrouve l'œil du tigre qu'elle avait un peu perdu.

Qu'est-ce qui fait que ce roman se retrouve entre vos mains et que vous ayez envie de l'adapter ?

En fait, je m'intéresse à Emmanuelle Bernheim, à son écriture. Avec Fabien Gorgeart, le metteur en scène avec qui j'ai joué dans Diane a les épaules (2017), son premier film, on avait envie d'adapter au cinéma Tout s'est bien passé, mais qui s'est fait avec d'autres. Et finalement, je découvre Stallone, toute son écriture et j'ai vraiment une sorte de flash à la lecture de ce livre. J'ai envie de parler à travers ce texte-là et j'ai envie que ce soit essentiel, une sorte de mantra, un peu comme Eye of the Tiger qui peut agir sur certaines personnes. On écoute ce titre parce qu'il nous donne envie, nous galvanise.

J'ai rencontré aussi beaucoup de jeunes femmes et de gens qui lisent aussi Stallone, le texte de Bernheim, comme ça, comme un mantra, pour leur donner de l'espoir, de la vitalité, redonner un peu d'énergie. Et j'ai appelé ce camarade de toujours, Pascal Sangla, avec qui j'étais au Conservatoire il y a des années, et on a fait cet objet qui peut aussi ressembler à du Douglas Sirk. Il y a du mélo, des sentiments, de l'amour, de la joie et ça fait du bien.

Cette pièce est musicale et aussi théâtrale. Cela allège le côté dramatique, et montre comment toujours aller chercher le positif.

Oui, c'est l'éloge de la persévérance. C'est de continuer à se battre, mais aussi de baisser la garde. Ce n'est pas toujours être sur la défensive et attaquer. J'avais repéré aussi une faille chez Stallone, il avait dit : "L'important, c'est les coups qu'on encaisse. Ce n'est pas ceux qu'on donne et c'est aussi ce qu'on en fait". Le cinéma peut mentir, mais le théâtre, jamais. C'est comme dans le sport, on ne ment pas. Pour moi, le théâtre est un peu un acte de foi et de vérité. J'aime bien aussi, à travers ce texte, me donner à voir ce que je vis, comme je le traverse, avec un souci de transparence.

Enfant, vous étiez déjà comme ça, vous aviez déjà l'œil du tigre, déjà passionnée par la comédie. Qu'est-ce qui vous donne envie, petite fille, de faire de cette passion votre métier ?

Je pense que le côté théâtral vient d'abord du Palais de justice de Troyes. Petite, j'y traînais beaucoup, j'y 'attendais mon père. Il a eu la chance, d'ailleurs, d'assister aux plaidoyers de Robert Badinter en 1981 pour l'abolition de la peine de mort et ça a été un grand moment pour lui. Je pense que le théâtre vient de là, bizarrement.

Que vous ont transmis vos parents ?

De l'amour et de la confiance déjà, c'est énorme. Je les remercie.

"Mes parents m'ont transmis l'envie de vérité, la quête de vérité et de justesse dans les rapports, une éthique dans le travail."

Clotilde Hesme

à franceinfo

Votre passion reste quand même les planches. On sent qu'il y a une émotion supplémentaire, un supplément d'âme.

Oui, c'est une colonne vertébrale. C'est ma colonne, ça me tient. Le théâtre me fait tenir debout. Le cinéma, on ne sait jamais pourquoi on est choisie, pourquoi on ne l'est plus. Et puis, il y a ce rapport à l'image souvent plus problématique, surtout quand on est une femme.

Quand on dit Clotilde Hesme, on pense tout de suite à vos yeux translucides. On a du mal à tricher quand on a des yeux bleus. C'est difficile de se protéger ?

Oui, mais c'est intéressant aussi de baisser la garde, c'est intéressant, il se passe des choses. Il faut du temps parce qu'il ne faut pas non plus "se cramer". Il y a une hypersensibilité qu'il faut aussi apprendre à gérer.

C'est quoi la suite ?

La suite, c'est des chansons, c'est Stallone en tournée jusqu'au mois de mai. Et puis un rôle assez marrant, le contrepoint d'Audrey Fleurot dans la série HPI.

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