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Antoine de Caunes publie "Perso" pour "raconter le plus sincèrement possible certaines émotions, certaines impressions, certains moments" de sa vie

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’animateur radio, cinéaste, acteur et humoriste, Antoine de Caunes. Il publie "Perso" aux éditions Sonatine.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
L'animateur, cinéaste et écrivain Antoine de Caunes lors du Festival du cinéma américain de Deauville (Calvados), le 4 septembre 2020 (ST?PHANE GEUFROI / MAXPPP)

Antoine de Caunes est animateur de télé et de radio, il anime notamment l'émission Popopop sur France Inter. Il est aussi cinéaste, acteur, humoriste, scénariste, écrivain, réalisateur. Il publie un livre autobiographique : Perso, aux éditions Sonatine.

franceinfo : Vous démarrez Perso en le dédiant à Daphné, votre moitié. À l'intérieur, trois points communs Emma, Louis et Jules, vos enfants adorés. C'est une belle déclaration d'amour à vos piliers de vie, finalement ?

Antoine De Caunes : Je ne la qualifie pas de "moitié" parce que si je dis ça, elle va me tomber dessus. Non, je dirais ma "trois quarts", car j'occupe un quart de ce globe que forme notre couple. Nous avons un enfant ensemble, et il y en a deux autres de précédentes liaisons qui sont, oui, trois points cardinaux absolument fondamentaux de cette existence.

J'ai l'impression que ce livre vous permet de dire des choses que vous ne leur avez pas vraiment dites.

Oui, c'est très difficile de parler des sentiments parce que je n'ai pas été élevé comme ça donc, c'est un moyen détourné de leur raconter quelques histoires au sujet de leur père.

Vous démarrez ce livre sur une cuite avec à vos côtés Charles Trenet et une anecdote sur Jean Cocteau, qui est très drôle et sur l'origine de votre passion, finalement, la musique. C'est vraiment quelque chose qui est ancré en vous et Charles Trenet aussi d'ailleurs !

Oui. Trenet fait partie de la bande-son. Quand j'étais môme, on écoutait Trenet à la maison, on écoutait beaucoup de musique.

Vous abordez votre mère (Jacqueline Joubert) tout le long de cet ouvrage. On sent que c'est votre pilier.

Oui, en fait, j'ai été élevé par ma mère et grand-mère, donc j'ai été élevé par des femmes. Mon père, Georges de Caunes,lui, était sur des îles désertes, au pôle Nord ou en Amazonie. Je crois que ça m'a permis très tôt de ne pas envisager le monde comme un terrain d'affrontements obligatoires, qu'il fallait apprendre à être un peu léger.

"Ma mère était une femme absolument solaire qui avait survécu à la guerre. Et comme pour contrebalancer, elle envisageait la vie comme un cadeau. Il fallait retrouver de la joie, du plaisir, un sens à l'existence après tous ces événements. Elle m'a fait partager ça."

Antoine de Caunes

à franceinfo

On se rend compte, à travers cet ouvrage, à quel point l'imaginaire vous a permis de traverser beaucoup de moments dans votre vie, d'évoluer aussi, même si vous dites que vous êtes resté finalement ce petit garçon.

J'enfonce des portes ouvertes, mais on a toujours un enfant qui est présent, qui est plus ou moins caché. Et moi, j'aime infiniment l'enfance. D'abord, je ne prends pas le monde adulte au sérieux, définitivement. Mais surtout dans l'enfance, il y a une liberté de manœuvre, d'improvisation, d'interprétation qui me semble être un bien absolument précieux.

L'amitié est quelque chose qui accompagne tout cet ouvrage aussi. Ne serait-ce que quand on regarde cette rencontre avec José Garcia, qui est chauffeur de salle à ce moment-là. Vous, vous regardez évoluer ce garçon et dites : "C'est lui qui me faut !"

Le métier de José Garcia consistait à expliquer au public qu'il fallait applaudir là. Et tous les soirs, il arrivait à construire un petit récit autour de ça. J'avais été fasciné en l'observant avant de prendre l'antenne. Il se trouve qu'il était comédien, il suivait le cours Florent. Je lui ai proposé de venir faire le con et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça a dépassé toutes nos espérances.

Il y a une disparition qui vous a évidemment touché, celle de Philippe Gildas. Il y a encore peu de temps, sur les réseaux sociaux, vous lui adressiez un message alors qu'il n'est plus là, en lui disant à quel point il vous manquait. C'est vrai que Gildas vous a fait confiance dès le départ.

Oui, ça a été Philippe Gildas, Alain De Greef, Pierre Lescure, enfin toute la bande du Canal + de l'époque qui avait ouvert cet espace d'antenne où on pouvait venir essayer des choses avec l'idée de venir faire un peu de télé, mais sans l'idée de devenir forcément Michel Drucker. C'était "en passant", pour voir ce que ça allait donner.

"Philippe Gildas, je l'aimais parce qu'il n'était pas un homme différent, à la ville ou à l'antenne. Il était le même."

Antoine de Caunes

à franceinfo

Vous racontez ce coup mémorable pour le jour de l'enterrement de Gildas, où vous annoncez à José Garcia que l'une de ses dernières volontés était qu'il vienne en blanc. Il vous en veut toujours aujourd'hui ?

Je pense qu'il m'en veut encore. Là, j'ai touché au sacré, mais il se trouve que Maryse m'avait demandé de prendre la parole dans la cérémonie en me disant qu'il aurait adoré que l'esprit de Nulle part ailleurs vienne encore souffler un peu sur ce moment sinistre. Et, je ne sais pas pourquoi, vraiment, je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, je lui ai dit : Tu sais, ça ferait très plaisir à Maryse qu'on soit tous habillés en blanc. Et il est venu tout en blanc.

Vous racontez même sa réaction quand il arrive et qu'il vous dit : "T'as pas fait ça ? Pas aujourd'hui !"

Il l'a mal pris, mais pour les raisons que j'expliquais. Mais Maryse s'en est beaucoup amusé alors que ce n'était pas le meilleur jour de sa vie et puis, au final, évidemment que c'est ça qu'il fallait faire.

C'est dur de lâcher prise ? Parce que c'est la première fois, finalement, que vous vous révélez autant.

Oui. Ce n'est pas facile parce qu'évidemment, la règle d'or était de ne surtout pas embarrasser des gens dans mon intimité. C'est un livre où j'essaie de raconter le plus sincèrement possible certaines émotions, certaines impressions, certains moments qui sont drôles, marrants, bizarres, et puis d'autres qui sont plus personnels, mais sans jamais franchir une limite que je m'impose toujours.

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