Vente de carburant à perte : les principales enseignes de distribution, reçues à Bercy, sont vent debout contre la mesure
Le gouvernement a donc annoncé la possibilité de vendre à perte les carburants pendant six mois, dans un contexte d'inflation qu'il dit "ne pas pouvoir porter seul". Cela fait sérieusement grincer des dents les distributeurs, comme Carrefour, Auchan, Intermarchés., le gouvernement a reçu dès lundi 18 septembre un syndicat défendant des stations-service indépendantes. Mardi, c'est au tour des représentants des grandes enseignes de manifester leur mécontentement. Leurs représentants sont reçus par Bruno le Maire au ministère de l'Économie.
Le ministre va probablement tenter de calmer le jeu. Pour ces professionnels, l’annonce de la possibilité de vendre à pertes le carburant a fait l'effet d'un un coup de tonnerre. Stupéfaits, ils ont choisi ne pas s’exprimer dans les médias, mais en coulisses ils se disent abasourdis.
Un manque à gagner considérable
D'abord ils n’ont pas été prévenus, concertés en amont, ensuite ils estiment qu’il leur est impossible d’appliquer cette idée. Leurs marges sur les carburants sont tellement minimes, deux à trois centimes à peine par litre, qu’ils ne peuvent aller plus loin. Comme ils vendent déjà à prix coûtant ou presque, le manque à gagner d’une vente à perte sur des volumes importants serait considérable.
Enfin, dernier argument, les enseignes estiment que depuis un an, avec le panier anti-inflation, et les différentes promotions qu’ils appliquent, ils font leur part pour préserver le pouvoir d’achat des Français. Il n'est pas sûr que le gouvernement envisage un système de dédommagement pour les grosses enseignes, comme il a promis de le faire pour les petits distributeurs, en recevant lundi soir Mobilians, le réseau des indépendants.
Éviter la grogne sociale
Non seulement ça lui coûterait cher mais Bercy est persuadé qu'avec l’essence comme produit d’appel, la revente à perte va permettre aux grosses enseignes et supermarchés d’attirer plus de clients. Ce qui devrait leur permettre de se rattraper sur d’autres ventes, sur d’autres produits.
Il faut prendre en compte le fait qu’avec l’inflation, la tendance est plutôt à une baisse des achats. Dans les supermarchés, les ménages consomment moins. Mais le gouvernement tient à sa mesure. Avec un baril de pétrole qui avoisine les 100 dollars sur les cours mondiaux, il cherche à éviter que les prix à la pompe ne dépassent durablement les deux euros ces prochains mois. Aujourd’hui, c’est déjà le cas dans plusieurs stations.
Dans ce contexte, le gouvernement veut éviter une grogne sociale type Gilets jaunes sans en passer par une remise à la pompe, jugée trop coûteuse pour les finances publiques.
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