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Le décryptage éco. Pourquoi la Silicon Valley est vent debout contre le décret Trump anti-réfugiés

Le décret de Donald Trump excluant les réfugiés et les ressortissants de sept pays à majorité musulmane suscite aussi la colère des entreprises américaines et de la Silicon Valley.

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
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Tim Cook, le PDG d'Apple a rappelé que son fondateur charismatique, Steve Jobs, était lui même fils d’un immigré syrien  (CHRISTOPH DERNBACH / DPA)

La décision d'exclusion des réfugiés et ressortissants de certains pays musulmans prise par Donald Trump, vendredi 27 janvier, jour du souvenir de l’Holocauste, choque une bonne partie de l’Amérique. Et à côté du tollé international et des manifestations qui ont eu lieu tout le week-end et qui continueront lundi 30 janvier devant les grands aéroports américains, des entreprises et des entrepreneurs ont aussi pris la parole, une fois n’est pas coutume, pour dénoncer eux aussi le funeste décret présidentiel.

Rappelons d’un mot que ce décret interdit donc l’entrée aux Etats-Unis des réfugiés, quelques soient leur origine pendant une période de 120 jours et de façon indéfinie pour les réfugiés syriens, ainsi qu’à tous les ressortissants d’Iran, d’Irak, de Libye, de Somalie, du Soudan, de la Syrie et du Yemen. 

Apple n'existerait pas sans l'immigration

Ce sont les entreprises californiennes, celles de la Silicon Valley, qui ont été les plus réactives et les plus virulentes dans le monde du business américain. Citons en quelques unes : "Apple n’existerait pas sans l’immigration", a fustigé Tim Cook, le PDG de la firme à la pomme, rappelant que son fondateur charismatique, Steve Jobs, était lui même fils d’un immigré syrien.

Les patrons de Google, de Netflix, de Microsoft, d’AirBnB ou de Tesla par exemple, ont tous exprimé leur consternation et leur inquiétude pour leurs salariés d’origine étrangère. Serguey Brin, le fondateur de Google, lui-même d’origine russe, arrivé à l’âge de 6 ans, avec ses parents en 1979 est allé manifesté dimanche 29 janvier devant l’aéroport de San Francisco, expliquant : "Je suis ici parce que moi aussi je suis un réfugié".

Les patrons américains n'ont pas tous fait allégeance à Trump

Si certains grands patrons, notamment dans le secteur de l’automobile, avaient pu sembler céder sans combattre face aux menaces de Donald Trump, notamment pour leurs projets d’investissements au Mexique, et bien là, le business américain est quasi - unanime contre le décret présidentiel. D’abord, bien sûr, parce que cette interdiction percute le vieux rêve américain, toujours vivace, chacun sait ici que les premiers américains ont fui les persécutions, notamment religieuses. Et au sein même de l’imaginaire collectif américain, il y a cette figure de l’exilé qui traverse les mers pour être accueilli par la statue de la liberté.

Et cette promesse n’est pas imaginaire, elle s’est concrétisée pour des millions d’Américains. Les internautes californiens ont diffusé dimanche 29 janvier soir la liste des entreprises-phares de la vallée fondées par des immigrants de la première ou de la deuxième génération : Google, Facebook, Amazon, Oracle, IBM, Uber, e-Bay… et j’en passe. 52% des start-ups créées ces quinze dernières années en Californie ont des fondateurs ou des cofondateurs étrangers. Nul part dans le monde sans doute, on a mieux expérimenté le fait que la diversité et le brassage de diasporas, d’exilés et d’expatriés décuplent la créativité. C’est la grande caractéristique des écosystèmes les plus performants dans le monde. 

Comme un petit vent de panique qui souffle

Microsoft a fait savoir, par exemple, dimanche que 76 de ses employés viennent des sept pays concernés par le décret Trump. Alphabet, la maison mère de Google, a demandé à ceux de ces salariés originaires de ces pays, de ne pas quitter les Etats-Unis. L’université de Stanford a rappelé qu’elle compte aussi parmi ses professeurs, plusieurs chercheurs et personnalités d’origine iranienne. Ce décret inquiète ces milliers d’étrangers qui disposent de green cards, ces cartes vertes qui leur donnent le droit de travailler. Et dans la confusion extrême qui règne aujourd’hui, nul ne sait vraiment s’ils sont eux aussi concernés. Autant de raisons qui prouvent que l’affaire ne va pas en rester là et que l’inquiétante confrontation entre deux Amériques ne fait que commencer.

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