Le décryptage éco. Les salariés de Bosch à Rodez, les nouveaux GM&S ?
Les syndicats de l’usine Bosch à Rodez ont été reçus à Bercy mardi. Ils sont inquiets pour l’avenir de leur usine.
Les syndicats de l’usine Bosch de Rodez (Aveyron) ont été reçus à Bercy mardi 16 janvier. L'intersyndicale a mis en garde l'État sur un "désastre économique".
Les salariés de la société allemande craignent la fermeture du site spécialisé dans les moteurs diesels.
Avec les affaires du dieselgate – les histoires de moteurs truqués –, mais aussi avec la diminution programmée du diesel, ce sont entre 300 et 800 emplois qui seraient menacés selon les syndicats, sur les 1 600 que compte l’usine. S’y ajouteraient 8 500 emplois induits sur la sellette, dans un département où l’usine est le premier employeur privé.
Le nouveau GM&S
Il y a de fortes ressemblances avec ce qui se passe chez GM&S, l’équipementier automobile de La Souterraine dans la Creuse, qui a fait beaucoup de bruit ces derniers mois. L’usine GM&S a trouvé un repreneur après de graves difficultés, mais plus de 150 salariés ont perdu leur emploi. Et GM&S, comme Bosch, est un des principaux employeurs privés dans une région où le chômage est élevé.
À l'instar de GM&S, Bosch est dépendant de la commande des constructeurs automobiles. Les syndicats demandent donc au gouvernement que Peugeot-Citroën (PSA) s’engage à acheter 30% de ses injecteurs auprès du site de Rodez. Pour eux, c’est le seul moyen de sauver les lignes de fabrication.
Une exigence qui n'est pas sans rappeler celle de GM&S : PSA mais aussi Renault s’étaient vus tordre le bras par le gouvernement jusqu’à garantir finalement 22 millions de commandes pour l'usine de La Souterraine. Cela n’avait pas permis de sauver totalement le site mais ce fut utilisé comme gage pour convaincre le repreneur.
Les syndicats de Bosch utilisent le même argument que celui avancé par les GM&S : PSA et Renault peuvent faire preuve de patriotisme économique, sachant que l'État et les contribuables sont bien venus à leur rescousse quand ils étaient en grande difficulté. Pour les syndicats, les deux géants de l'automobile doivent renvoyer l'ascenseur maintenant qu'ils se portent mieux.
La patron de Bosch se rend sur place la semaine prochaine
Pas sûr néanmoins que les constructeurs se laissent tordre le bras une deuxième fois pour des commandes. En attendant, les salariés inquiets promettent d’intensifier la pression sur le gouvernement. D’autant qu'Emmanuel Macron connaît bien le dossier Bosch. Il s'était rendu à Rodez en août 2016 lorsqu’il était ministre de l’Économie et avait été accueilli sous les sifflets.
Il s’était voulu rassurant, affirmant que le diesel restait "au cœur de la politique industrielle française" et que son avenir passait "par l'innovation".
Le patron de Bosch est attendu la semaine prochaine sur le site aveyronnais. Les salariés espèrent des annonces d'investissements pour que l’usine s’oriente dans le diesel deuxième génération et les véhicules du futur. Mais rien n'est sûr.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.