Le décryptage éco. Les auto-écoles ne veulent pas d'un permis à bas coût
Les auto-écoles se mobilisent contre la réforme du gouvernement, qui vise à faire baisser le prix du permis de conduire. Le décryptagé éco de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Lundi 1er avril, à Paris, les auto-écoles se mobilisent contre la réforme du permis de conduire. Ces manifestations ont lieu alors que les sénateurs débattent du projet de loi mobilité. Pour les auto-écoles, pas question de laisser "l'ubérisation" du permis de conduire se faire.
La réforme incite à encourager encore un peu plus l'apprentissage du permis via le numérique. Par exemple, on pourra comparer de façon plus transparente les tarifs et les taux de réussite des auto-écoles. Ces propositions s’inscrivent dans un contexte où, depuis la loi Macron de 2015, des start-up comme Le Permis libre et Ornikar proposent des préparations au permis en ligne. C’est-à-dire qu’au lieu de prendre des cours via une auto-école classique, vous achetez votre heure de conduite sur une plateforme, un peu calquée sur le modèle d’Uber, et un enseignant vous donne votre leçon.
Les auto-écoles traditionnelles sont en guerre contre ces plateformes. Pour elles, elles font de la "concurrence déloyale". Parce que ces plateformes, ces auto-écoles low cost n’ont pas de local, elles ont moins de charges. Et du coup, elles peuvent proposent des heures de conduite de 20 à 30% moins cher. Les auto-écoles traditionnelles dénoncent aussi des risques en matière de sécurité. Elles alertent sur le fait que les enseignants qui donnent des cours, n’ont pas la pédagogie des moniteurs d’autoécoles. Bref, on est exactement dans le même bras de fer qu’on a connu entre les chauffeurs Uber et les taxis.
1 800 euros en moyenne pour passer le permis
Le gouvernement, lui, veut baisser le coût du permis. Actuellement, il faut compter 1 800 euros en moyenne pour passer son permis. C’est une moyenne, comme toujours, car c’est évidemment plus cher en région parisienne - on dépasse souvent les 2 000 euros - qu’à Belfort ou Montluçon, où c’est plutôt de l'ordre de 1 500 euros. Le prix dépend aussi du nombre d’heures que vous prenez, sachant que 20 heures minimum sont obligatoires. Mais il en faut souvent plus d’une trentaine pour décrocher le diplôme.
Aujourd’hui, un jeune sur quatre renoncerait à passer son permis, faute de moyens financiers. Du coup, le gouvernement a demandé aux députés Françoise Dumas et Stanislas Guérini de lui remettre un rapport sur la façon de le rendre plus accessible, surtout que c’est souvent un sésame vers l’emploi. Ce rapport a été remis le 12 février au gouvernement et il propose encore de libéraliser le secteur. D’où la grogne des auto-écoles, qui multiplient un peu partout, depuis cette date, les actions et manifestations.
Un permis intégré dans la scolarité ou le service national universel ?
En novembre, Emmanuel Macron a annoncé vouloir intégrer l'apprentissage du code de la route dans la scolarité, ce qui a mis encore plus le feu aux poudres, selon les professionnels. Plusieurs jeunes ont décidé d’attendre avant de passer leur permis. L’exécutif réfléchit aussi à mettre en place le permis gratuit dans le cadre du futur service national universel. Cela coûterait au passage à l’Etat près de 800 millions d’euros par an.
Ces propositions et l’arrivée des plateformes, il n’en fallait pas plus pour mettre les auto-écoles dans la rue. Selon les organisations qui les représentent, une sur quatre a déjà mis la clef sous la porte.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.