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Le décryptage éco. La grève des cheminots lancée, le front syndical peut-il durer ?

Les syndicats semblent faire front commun face au gouvernement. Une union pourtant fragile avec en toile de fond les élections professionnelles à la SNCF. 

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

"L'unité est de mise !" : alors que le mouvement de grève des cheminots démarre à peine, les syndicats semblent être sur la même ligne. La grève "perlée", inédite, semble d'ailleurs être le résultat de ce compromis entre les centrales les plus dures comme Sud-Rail et les organisations réformistes comme l'Unsa et la CFDT. 

La CGT et Sud-Rail ont encore une courte majorité 

Néanmoins la question de la durée du mouvement pourrait poser problème : Sud-Rail a d'ores et déjà déposé un préavis pour une grève illimitée avec la volonté de faire grève en dehors des jours fixés alors que l'Unsa, de son côté, reste dans une position de négociation et de concertation. Si cette dernière obtient des avancées ou des garanties, elle pourrait sortir de la grève. C'est d'ailleurs ce que tentera de faire le gouvernement : détricoter cette fragile union.

Il faut également tenir compte de la concurrence que se livrent les centrales syndicales. Des élections professionnelles se tiennent à la SNCF à la fin de l'année, les agents vont devoir choisir leurs représentants syndicaux et les centrales vont devoir se démarquer les unes des autres. Au-delà de leurs revendications, c'est aussi leur capacité à compter qui se joue : la CGT reste le syndicat numéro 1 à la SNCF mais a perdu 10 points en 10 ans, à 34 %. Derrière, l'Unsa est à près de 24 %. Viennent ensuite Sud-Rail (17 %) et la CFDT à plus de 15 %. La CGT et Sud-Rail détiennent tous deux une (courte) majorité permettant d'invalider les accords d'entreprises. L'enjeu pour l'Unsa et la CFDT est de ne pas apparaître trop "mous", surtout qu'avec la fusion des instances représentatives du personnel, les syndicats vont perdre un tiers des postes. 

Un mouvement de grève interprofessionnel ?

C'est le rêve de Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, mais cela semble improbable. Chez Air France, un vol sur quatre est annulé mardi 3 mars et d'autres journées de grève sont prévues les 7, 10 et 11 avril prochains. Seulement le motif est différent puisque ce sont des revendications salariales. Et on imagine mal les pilotes et les cheminots défiler ensemble. Enfin d'autres mouvements s'organisent chez les éboueurs, EDF ou encore chez les étudiants, ce qui peut donner l'impression d'un pays bloqué.

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