Grève contre la réforme des retraites : quelles conséquences sur l'économie ?
Les retombées sur l'économie d'une journée de mobilisation comme jeudi semblent assez limitées au niveau macroéconomique.
L'incidence d'une grève comme celle de jeudi sur l'économie semble assez faible. Selon une étude d’un cabinet privé Astères, c’est même insignifiant au niveau macroéconomique, lorsque l'on prend l’économie dans son ensemble. Même lors de conflits longs, c’est de l’ordre de l’épaisseur du trait sur la croissance. Les données de l’Insee le confirment : les anciennes mobilisations contre les retraites comme en décembre 2019 avec plus d’un mois de grève perlée, ont fait perdre 0,1 point de croissance sur le trimestre, tout comme en 1995.
D'autant plus qu'il existe un effet rattrapage : ce que vous n’avez pas pu produire ou acheter au moment de la grève, vous le fabriquez ou l’achetez plus tard. Les pertes d’activités se reportent donc sur le trimestre suivant. Après un long conflit, on observe d’ailleurs un fort rebond de la croissance : le blocage des raffineries l'an dernier avait provoqué une forte contraction de la production en octobre, avec une chute de 46 %. La production a ensuite rebondi de plus 90 % une fois les grèves finies. Sur un an ou sur un semestre, tout s'équilibre au niveau global.
Des gagnants et des perdants
La situation est différente sur un plan microéconomique. Certains secteurs sont plus touchés que d’autres. La grève de ce jeudi risque de pénaliser les commerces, d'autant plus à l'heure des soldes : s’il n’y a pas de transport, les gens ne pourront pas flâner dans les boutiques. En revanche, ils risquent de se reporter sur les achats en ligne. Les sites de vente sur le web seront donc plutôt gagnants. Face au manque de transports en commun, il n'y a plus non plus d'appels à des chauffeurs VTC ou des plateformes. Comme toujours, il y a des gagnants et des perdants, avec des effets de transfert.
D'autres effets ne peuvent en revanche pas être maîtrisés, comme l'irruption du télétravail. Ce mouvement sera peut être le premier grand conflit social "post Covid-19", avec un monde du travail qui sait s’organiser différemment, sans être 100 % en présentiel. Une journée de blocage va-t-elle peser autant qu’avant ?
On a du mal à mesurer les conséquences de la mobilisation sur l'image du pays, sur l'attractivité de la France à l'étranger. Des blocages ou de la violence peuvent faire fuir des investisseurs ; si le conflit dure, ils se diront que ce pays ne sait pas se réformer.
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