EDF : Les dossiers qui attendent Luc Rémont, le nouveau PDG
Luc Rémont prend son poste chez EDF. De nombreux dossiers sensibles attendent le nouveau PDG. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Le nouveau PDG d'EDF, Luc Rémont, a décidé de passer sa première journée sur le site de la centrale nucléaire de Flamanville dans la Manche. L’EPR de Flamanville c’est un peu l’Arlésienne : dix ans de retard, plus de dix milliards d’euros de surcoût. Ce déplacement de Luc Rémont est donc un signal, une manière de dire que le nucléaire est son chantier le plus urgent. Et pour cause : il doit remettre en route au plus vite tout le parc nucléaire français.
Près de la moitié des réacteurs sont à l’arrêt, pour maintenance ou à cause de problèmes de corrosion, la production d’électricité est historiquement basse et le gouvernement met la pression : la France s’apprête à entrer dans l’hiver avec d’éventuelles coupures de courant. L’enjeu est donc hautement stratégique. Sans compter qu’à plus long terme, Emmanuel Macron prévoit la construction de six nouveaux réacteurs nouvelle génération, et qu'EDF doit aussi accélérer sur les renouvelables.
Situation sociale tendue
Luc Rémont sait qu’il est attendu de pied ferme. Il a prévu de rencontrer les syndicats au plus vite. Ils craignent un démantèlement du groupe. Il faut dire que ces dernières années, le gouvernement a essayé d’imposer le projet Hercule pour diviser EDF en plusieurs entités. Il l’a abandonné mais en interne, on craint une future réorganisation. Il y a aussi la question des salaires : après des grèves dans les centrales en octobre dernier, un accord a permis d’éteindre le mouvement social. Les salariés ont obtenu 4,6% d’augmentation collective l’an prochain – en comptant les hausses de la branche. S'y ajoutent des primes et hausses individuelles, mais cela risque de ne pas suffire face à l’inflation. La future réforme des retraites, qui touchera les régimes spéciaux et donc celui d’EDF, promet encore d’électriser le climat social dans l’entreprise.
Tout cela dans un contexte économique compliqué pour l’entreprise. L’État détient aujourd'hui plus de 84% du capital d’EDF. Luc Rémont va aussi devoir gérer la renationalisation du groupe, une opération estimée à plus de 9,5 milliards d’euros. Il va lui falloir aussi réduire l’endettement colossal d’EDF : plus de 65 milliards d’euros attendus à la fin de l’année. De quoi donner le tournis.
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