Aéronautique : des pilotes d'Air Austral acceptent de perdre une partie de leurs revenus pour sauver leurs emplois

Les pilotes de la compagnie aérienne Air Austral, une compagnie aérienne réunionnaise, viennent de signer un accord qui diminuera momentanément une partie de leurs revenus, pour éviter des licenciements.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La compagnie réunionnaise Air Austral opère des liaisons entre la métropole et l'océan Indien, notamment vers Mayotte. Photo d'illustration (ORNELLA LAMBERTI / AFP)

Air Austral est une compagnie aérienne réunionnaise essentiellement active dans le sud-ouest de l'océan Indien. Depuis une dizaine d'années, la société est dans une situation financière de plus en plus fragile. En novembre 2021, Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics, a même envisagé la fusion entre Air Austral et Corsair afin de sauver la compagnie. Après la validation d'un plan de restructuration en 2023, 99 % du capital est repris par des investisseurs régionaux et une partie de la dette est effacée. Pour autant, ces mesures devaient s'accompagner d'un effort de l'entreprise. Ce sont les pilotes qui en ont fait les frais.

"Un accord de performance collective"

Leur syndicat de pilote, le SNPL, vient de signer avec la direction "un accord de performance collective", dans lequel ils acceptent, pendant deux ans, de renoncer à leur 13e mois et à 6 jours de congés.
Ils acceptent aussi que le seuil des déclenchements des heures supplémentaires soit relevé, ce qui revient potentiellement à leur faire perdre des compléments de salaire. Pour résumer, ils acceptent de travailler plus pour gagner moins, et ils ne cachent pas leur amertume. En contrepartie, la direction, s’engage à ne pas licencier, car ces mesures devraient permettre à Air Austral d’économiser plus de cinq millions d’euros. Selon la direction de la compagnie, c’est indispensable pour assurer sa survie.

Très endettée depuis le Covid, Air Austral ne s’en sort pas malgré les nombreuses aides publiques. C’est pourtant un acteur aérien important puisqu’il assure les liaisons entre la Réunion et la métropole, mais dessert aussi plusieurs destinations de l’océan Indien, dont Mayotte. À la Réunion, c’est aussi un gros employeur local avec plus de 800 salariés. En mars 2023, les actionnaires avaient accepté d’injecter 10 millions d’euros supplémentaires au capital, à condition toutefois que le personnel fasse des efforts. C’est donc chose faite. Le plan de redressement d'Air Austral sera présenté très prochainement à l'État.

Des accords du genre assez courants dans l’aérien

Une baisse de rémunération contre un maintien des postes, c’est aussi ce qu’a fait Ryanair en 2020. Les personnels navigants ont accepté de baisser leur rémunération pendant cinq ans. Ces dispositifs sont vécus comme un chantage au licenciement par les syndicats, qui sont souvent réticents à les signer. Mais il y a fort à parier que ce type d’accords se multiplie dans le secteur aérien, en proie aux turbulences. En témoignent les nombreux mouvements sociaux, notamment chez les compagnies low cost. Vueling, par exemple, est justement en grève ce week-end du 10 mai.

En parallèle, dans le secteur du tourisme, la célèbre plateforme de locations de logements Airbnb a réalisé un chiffre d'affaires d'un peu plus de deux milliards dollars, au premier trimestre 2024. Airbnb s'attend toutefois à un été maussade, malgré les événements comme les JO. La période de forte croissance qu'a connue Airbnb après la pandémie semble donc finie. Aujourd'hui la plateforme de location semble avoir atteint un plateau.

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