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Sommet des Amériques : Joe Biden soigne les relations avec ses voisins

Le tout premier sommet de l'Alliance pour la prospérité économique des Amériques se tient le vendredi 3 novembre à Washington. Il y rassemble onze pays d'Amérique.
Article rédigé par Emmanuelle Steels - Najet Benrabaa, Naïla Derroisné
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Joe Biden entouré de nombreux ministres et chefs d'Etats d'Amérique, lors du sommet des Amériques à Washington. (CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Cette nouvelle alliance, fondée lors du dernier sommet des Amériques, à l’initiative de Joe Biden, rassemble 11 pays d'Amérique. Ce premier sommet de l'Alliance pour la prospérité économique des Amériques a deux objectifs pour les États-Unis, la compétition avec la Chine et freiner l'émigration depuis les pays du Sud.

Le Mexique est directement concerné par les mesures économiques que le président américain veut mettre en place. L'idée est de travailler sur l’intégration économique de toute la région comme un levier pour freiner l’émigration. Mais le Mexique, comme d’autres pays, demandera des mesures concrètes aux États-Unis. La migration est un enjeu crucial pour Washington, constamment utilisé par les républicains pour attaquer Biden. Et ce dernier ne manquera pas de reprocher au Mexique l’avancée sur son territoire d’une nouvelle caravane de migrants : 7 000 personnes en marche vers la frontière avec les États-Unis, alors qu’on observe déjà cette année un flux migratoire d’une ampleur sans précédent dans la région.

Les revendications du Mexique

Sur le plan commercial, le Mexique a des revendications différentes des pays d’Amérique du Sud, puisqu’il est depuis l’an dernier le premier partenaire commercial des États-Unis, devant le Canada et la Chine. L’an dernier les échanges entre les deux pays ont représenté 855 milliards de dollars. Mais le Mexique vise beaucoup plus, via le principe du “nearshoring”, qui s'oppose à la délocalisation. Il s'agit en effet, d’une forme de relocalisation de proximité où les États-Unis rapatrient au Mexique des centres de production installés en Asie.

Lors d’une rencontre en prélude au sommet, Alicia Bárcena, la ministre des Affaires étrangères mexicaine, exprimait l’ambition de voir les États-Unis relocaliser au Mexique la production de composants électroniques, des conducteurs et semi-conducteurs qui sont actuellement fabriqués en Asie. Elle avançait aussi l’industrie pharmaceutique et celle des énergies renouvelables comme cible du "nearshoring".

Les États-Unis, un partenaire essentiel de la Colombie

Depuis des décennies, les États-Unis sont le principal marché d’exportation de la Colombie. Ils représentent 26% du total des exportations, mais aussi 31% des exportations non-minières et énergétiques de la Colombie et 37% des exportations de services. Ces relations économiques sont essentielles pour les deux pays. En effet, la Colombie joue un rôle important dans la chaîne d’approvisionnement des produits de l’industrie nord-américaine.

Avec l'arrivée au pouvoir d'un nouveau président de gauche, Gustavo Petro, les relations diplomatiques entre les deux pays s'intensifient sur plusieurs sujets comme le changement climatique et la lutte contre le narcotrafic. Gustavo Petro veut changer la politique de cette dernière qu'il décrit comme "une politique de répression systématique qui a fait de la Colombie un ennemi du monde alors qu’elle est victime de ce trafic." Pour lui, il y a du narcotrafic parce qu’il y a des consommateurs et les États-Unis étaient, jusqu’à l’arrivée des drogues de synthèse comme le fentanyl, le premier client de la Colombie. Le président colombien a d’ailleurs entamé des négociations avec les bandes de criminels et narcotrafiquants pour établir les termes de leurs redditions.

Ensuite, sa défense de l’environnement brouille aussi les relations avec les États-Unis puisque malgré les accords économiques pour le charbon ou le pétrole colombien, Gustavo Petro veut protéger l’Amazonie et stopper la production de pétrole.

Les actions de la Chine au Chili inquiètent Washington

Les États-Unis se méfient de la montée en puissance du géant asiatique dans le pays andin, deux semaines seulement après le retour de Chine du président chilien Gabriel Boric. L’administration américaine a d'ailleurs écrit un rapport stratégique dans lequel elle dit vouloir étendre son influence et renforcer ses liens avec le Chili. Mais la complicité des États-Unis dans l'installation de la dictature de Pinochet dans les années 70 alimente toujours un scepticisme chez une partie des Chiliens, et une méfiance au regard de l’agenda américain dans le pays. La crise sociale de 2019 a également fait émerger une génération de politiciens qui veulent changer le modèle ultra-néolibéral chilien, calqué sur celui des États-Unis, et qui génère de grandes inégalités sociales.

Il est vrai que depuis plusieurs années le Chili intensifie ses partenariats avec la Chine, notamment sur le plan économique. Le géant asiatique est aujourd’hui le premier partenaire commercial du Chili, qui y exporte notamment son cuivre, principale ressource du pays. Cependant, les États-Unis conservent un poids de taille puisqu'en 20 ans, les exportations chiliennes vers les US ont triplé, notamment grâce au traité de Libre commerce. Les relations sur les plans académiques, culturels et touristiques sont également très élevées.

De son côté, le Chili soigne ses relations que ce soit avec les États-Unis et la Chine, pour en tirer le plus d'avantages possibles. Le pays a en effet besoin d’investissements massifs, surtout dans le domaine énergétique, car il ambitionne de devenir le premier producteur mondial de lithium et mise tout sur l’hydrogène vert. Ce sont donc ces investissements que Gabriel Boric est allé chercher en Chine en octobre dernier, et désormais aux États-Unis auprès de Joe Biden.

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