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PCR-sucettes, capteurs en classes, "groupes bulles" : l'école à l'épreuve du Covid-19 en Autriche, en Suisse et en Espagne

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Autriche, l'Espagne et la Suisse qui ont concilié chacune à leur manière l'impératif de scolarité avec les contraintes liées au Covid-19.

Article rédigé par franceinfo - Marie-Hélène Ballestero, Isaure Hiace et Jérémie Lanche
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Une équipe médicale suit un garçon d'âge préscolaire qui utilise un nouveau test Covid-19 en forme de sucette avant de tester des enfants d'âge préscolaire au "City of Vienna Kindergarten" à Vienne, en Autriche, le 28 avril 2021.  (JOE KLAMAR / AFP)

Deux semaines après la rentrée des écoliers, collégiens et lycéens français ont commencé, lundi 3 mai, à retrouver eux aussi leurs salles de classe, malgré l'épidémie de Covid-19. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, a toutefois maintenu le protocole sanitaire très strict d'avant les vacances : la fermeture d'une classe sera ordonnée au premier cas positif recensé. Ailleurs, en Suisse, en Autriche et en Espagne, les gouvernements ont opté pour des approches différentes pour continuer à scolariser les élèves.

L'Espagne a maintenu ses écoles ouvertes

Depuis la rentrée en septembre, l’Espagne a maintenu ses écoles ouvertes, indépendamment du taux d’incidence du virus au niveau national et de la virulence des différentes vagues. C'était une priorité absolue pour le gouvernement central et les régions espagnoles. Et pour cela, toute une série de mesures de prévention et d’hygiène ont été mises en place dans les établissements scolaires. À savoir : la prise de température des élèves et des enseignants tous les matins, le masque obligatoire à partir de 6 ans, le lavage régulier des mains, le maintien de la distance de sécurité, la ventilation constante des salles de cours ou encore, la création de groupes "bulles" en maternelle et en primaire pour limiter les contacts.

Des tests sérologiques ont été réalisés également de façon ponctuelle dans les établissements, sans parler de la vaccination des professeurs qui a démarré au mois de mars. Les enseignants étant considérés en Espagne comme personnel prioritaire. Autant de mesures qui ont permis à l’Espagne de garder ses écoles ouvertes.

Les chiffres sont parlants : selon un rapport publié le mois dernier par le ministère de l’Éducation, 99,6% des classes sont restées ouvertes pendant le 2ème trimestre. Depuis un an, seulement 2% des cas de Covid-19 ont été détectés dans les établissements scolaires espagnols, face à 5,3% en milieu professionnel. Quant aux parents, ils étaient très inquiets et remontés notamment à Madrid à la rentrée, suite à l’apparition de cas de contamination dans les établissements et à une attitude jugée irresponsable de la part des autorités régionales. Mais au fil des mois, les tensions se sont estompées du côté des parents, des élèves et des enseignants. Bien qu’atypique et semée d’embûches, l’année scolaire en Espagne a pu être sauvée.

En Autriche, les "tests sucettes" pour les plus petits

En Autriche, une solution originale pour tester les plus petits est actuellement à l’étude : il s’agit d’un test PCR qui se présente sous la forme d’une sucette, en fait un gros coton-tige dont la tête est enveloppée de glucose. Les enfants doivent la sucer pendant deux minutes et une fois le coton tige bien imbibé de leur salive, celui-ci est enfermé dans un tube en plastique. L’échantillon est ensuite analysé en laboratoire comme n'importe quel test PCR.

Cette méthode développée par un laboratoire autrichien est actuellement testée dans cinq crèches viennoises. "Nous voulions développer un produit que les enfants de 1 à 6 ans acceptent facilement, explique Manuela Födinger, qui en est à l’origine. Nous voulions aussi utiliser la méthode PCR, une méthode d’analyse très précise car nous savons désormais que les plus petits peuvent être porteurs non seulement du Covid mais aussi des variants très infectieux." Deux autres régions ont également lancé des projets similaires : il s’agit toujours de sucettes mais ce sont des tests antigéniques donc moins précis.

Les plus grands, eux, ont déjà l’habitude d’être testés à l’école. L’Autriche a commencé dès février à tester les élèves directement dans les salles de classe avec des tests antigéniques qu’ils réalisent eux-mêmes. Ils insèrent un coton tige dans la partie avant de la narine, une méthode là encore moins douloureuse qu’un prélèvement classique et les résultats arrivent 15 minutes plus tard en classe. Un rituel qui fait désormais partie de leur quotidien puisque écoliers, collégiens et lycéens subissent jusqu’à trois tests par semaine.

Des capteurs de CO2 dans les classes suisses

En Suisse, des capteurs de CO2 ont été installés dans les écoles, bien avant la pandémie : le canton de Vaud, où se trouve notamment la ville de Lausanne, a installé ces capteurs dès le début 2020. Pour une raison, qui n'avait rien à voir avec le Covid-19. À l'époque, les autorités décident juste de réagir à une étude du ministère de la santé. Elle révèle qu'il y a trop de CO2 dans les deux tiers des classes suisses. Le dioxyde de carbone, en soi, n'est pas nocif, mais c'est un révélateur de la qualité de l'air. Quand il y a trop de CO2 dans une pièce, ça veut dire qu'il y a plus de polluants. Avec pour conséquences une baisse de la concentration, des irritations et une gêne respiratoire pour les personnes allergiques et asthmatiques. Dont acte : le canton lance une campagne pour mieux aérer les salles. Et commande 178 capteurs de CO2 dispatchés dans tous les établissements scolaires.

Avec l'arrivée du Covid-19, ces capteurs ont été rendus encore plus utiles. "Depuis l'arrivée du Covid-19, notamment, l'aération de la classe se fait d'une manière encore plus régulière et fréquente, ce qui fait que quand je rentre dans une salle de classe, s'il y a l'appareil, je jette un œil, indique Patrick Tharin dirige un collège dans la région de Orbe. S'il n'y a pas l'appareil, je sens immédiatement que l'on est dans une salle avec une atmosphère où l'on voit que cela a été aéré."

Il est difficile d'affirmer que ces capteurs CO2 ont permis de diminuer le nombre de cas de Covid-19 dans les écoles. Mais Patrick Tharin note qu'il y a globalement moins d'enfants malades depuis que les classes sont aérées régulièrement.

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