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Les retrouvailles familiales pour le Nouvel An chinois vues de Chine et du Canada

Avec la fin de la politique "zéro covid" en Chine, les familles vont tenter de se retrouver pour célébrer ce week-end le Nouvel An lunaire. Des deux côtés du Pacifique, la menace d'une propagation du virus plane toujours au-dessus des festivités.
Article rédigé par franceinfo - Stéphane Pambrun - Justine Leblond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des passagers à l'arrivée en gare de Wuhan vendredi 20 janvier.  (HECTOR RETAMAL / AFP)

C’est tout simplement la plus grande transhumance du monde. Pour ce mois de congés du Nouvel An chinois, on attend cette année plus de deux milliards de trajets rien qu’en Chine, c’est deux fois plus que l’année dernière et 70% quand même du niveau de 2019 avant la pandémie. Avec l'entrée ce week-end dans l’année du lapin et pour la première fois depuis trois ans et le début de l'épidémie de Covid-19, les Chinois vont pouvoir se retrouver en famille sans aucune restriction de déplacement.

Les gares et les aéroports sont bondés depuis le début de la semaine. Beaucoup de voyageurs ont envie de faire la fête, retrouver leur famille, voyager, tirer des feux d’artifice, distribuer des enveloppes rouges pleines d’argent pour les enfants comme le veut la tradition. L’an dernier à la même époque, Pékin était une ville sous cloche, une bulle sanitaire avec les Jeux olympiques d’hiver. La donne a bien changé cette année : depuis trois ans, les voyages étaient un vrai casse-tête dans le pays en raison des QR Code santé à scanner un peu partout, des tests PCR quotidiens et des confinements à répétition. Il était interdit aux touristes chinois de quitter le pays. 

>> Covid-19 en Chine : comment interpréter le chiffre de 60 000 morts en un mois annoncé par les autorités sanitaires ?

S'il existe un vrai sentiment de retour à une vie normale, le virus du Covid-19 reste dans toutes les têtes, avec le risque que cette grande transhumance répande le virus comme une traînée de poudre, avec la crainte d’une deuxième, d’une troisième vague ou de l'arrivée de nouveaux variants, en plus d'un risque sanitaire dans les campagnes. Dans une série de messages vidéo diffusés cette semaine, le président Xi Jinping a exprimé son inquiétude, indiquant se faire du soucis pour les zones rurales qui manquent de structures médicales. Selon la société britannique d'analyses médicales Airfinity le nombre de décès quotidiens dûs au Covid pourrait atteindre un pic d'environ 36.000 durant ces vacances.

De nombreux Chinois préfèrent pour l'instant penser à autre chose. Selon les horoscopes, l’année du lapin est synonyme de calme et d’harmonie, de quoi contrebalancer cette année du Tigre bien trop tumultueuse.

"Le parcours du combattant" pour les Chinois du Canada

Avec plus d'1,8 million de personnes, la communauté chinoise au Canada souhaiterait elle aussi participer aux festivités du Nouvel An Lunaire. Certains parviennent à faire venir leurs proches dans le pays, à condition d’avoir d'abord trouvé un centre en Chine pour obtenir test Covid-19 négatif, une mesure du gouvernement canadien pour les voyageurs chinois.

Pour la plupart, la démarche reste très compliquée, ne serait-ce que pour obtenir un visa. "C’est le parcours du combattant", se désole Winston Chan, entrepreneur et co-organisateur du Festival du Nouvel An lunaire à Montréal. "Il faut prendre un passeport alors que le centre du passeport pas encore ouvert en Chine, puis  obtenir un visa de tourisme ou de visite pour venir au Canada et souvent c’est là que ça bloque. On se demande s’il y a un blocus ou s’il y a un manque de main d’oeuvre pour expliquer le fait que les gens n’obtiennent pas leur visa pour venir au Canada.Les difficultés logistiques s'ajoutent au prix du billet : un voyage entre la Chine et le Canada à cette période coûte entre 4 000 et 5 000 dollars canadiens… 

"On a ce pays qui comporte un cinquième de la population de la planète qui tout à coup a rouvert les autorisations de voyage", explique Benjamin Brunot, avocat spécialisé en droits de l’immigration "et en parallèle, cette date fixe de Nouvel An qui génère une demande pour des visas de visiteurs. Notre système est incapable d'absorber un afflux de demandes significatif, et cela place les familles dans des situations de séparation qui les empêche de célébrer ensemble."

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