Covid-19 : l'inquiétude des acteurs du football en Angleterre, en Espagne et Italie en raison de la crise sanitaire
Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, nous partons en Angleterre, en Espagne et en Italie pour voir comment les dirigeants des clubs de football s'adaptent aux baisses de revenus dues notamment au Covid-19.
Les responsables du football français peuvent être inquiets. L'appel d'offres lancé par la Ligue de football professionnel (LFP) pour diffuser la Ligue 1 et la Ligue 2 a été déclaré infructueux. Aucune offre n'a atteint le prix minimal fixé par la Ligue sur les lots mis en jeu. Le plus grand flou règne sur les droits TV alors que les rencontres doivent se dérouler dans des stades vides en raison de la crise sanitaire et du Covid-19. Direction l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie pour voir quelles sont les craintes des clubs et des instances du football dans les championnats étrangers.
En Angleterre, des incertitudes sur les revenus
Un chiffre montre bien les difficultés des clubs de Premier League, celui des investissements dans les transferts le mois dernier : 80 millions d’euros cette année, contre 260 en janvier l’année dernière. Moins de folie de la part des dirigeants parce que moins d’argent dans les caisses et plus d’incertitudes sur les revenus. On parle ici du championnat qui génère le plus d’argent dans le monde. Le foot anglais se vend partout: plus de 3 milliards d’euros de droits télé dont un peu moins de la moitié à l’étranger. Mais la Premier League a été interrompue en mars dernier, résultat il a fallu rembourser 374 millions d’euros aux diffuseurs. Cette saison, pas d’interruption mais des stades vides et chaque week-end ce sont 113 millions d’euros perdus, faute de billets vendus. C’est donc sans compter tout le merchandising, les ventes de maillots, d’écharpes, etc... Ce sont aussi des sponsors qui rencontrent des difficultés et donc qui échelonnent leurs versements, ce qui représente moins de trésorerie pour les clubs.
Les difficultés sont encore plus importantes pour les clubs moins prestigieux. Les grosses écuries bénéficient d’avantages qui faussent la donne. Arsenal et Tottenham, deux équipes londoniennes, ont bénéficié à elle deux de plus 330 millions d’euros de prêt de la part de la Banque d’Angleterre. Un emprunt à taux réduit spécial Covid qui est réservé aux grandes entreprises. Donc Burnley, Southampton, West Bromwich Albion et plein d’autres encore n’y ont pas droit. L’équité sportive en prend un coup. De plus, même si ça ne suffira pas à remplir les caisses, une étude menée par les universités du Kent et d’Oxford vient de sortir et montre que les supporters des clubs les plus pauvres sont les plus solidaires. À Crystal Palace ou Norwich, on se soutient et on s’aide beaucoup plus qu’à Chelsea ou à Manchester City.
En Espagne, les finances des clubs sont dans le rouge
La saison dernière a été sans aucun doute la plus compliquée après une longue période de croissance marquée par la progression ininterrompue des droits TV. Les 20 clubs de la Liga ont vu leur chiffre d’affaires chuter d’environ 4% et plusieurs d’entre eux ont enregistré des pertes importantes : 8 millions d’euros pour le FC Valence, 21 pour l’Athletic de Bilbao, mais c’est surtout le Barça qui croule sous les dettes. Le club catalan doit plus d’1 milliard d’euros et à court terme, il doit rembourser 730 millions d’euros ! Une situation compliquée pour les Blaugrana, alors que son grand rival, le Real Madrid, est parvenu à limiter la casse la saison dernière et a clos l’exercice avec un bénéfice: 313.000 euros, une prouesse vu le contexte.
Cette saison les prévisions ne sont pas bonnes. Selon le site espagnol spécialisé en finance du sport, Palco23, l’impact le plus important du Covid-19 se fera sentir cette saison, avec des contrats de sponsoring qui vont être revus à la baisse et des dirigeants de clubs qui sont contraints de renégocier les paiements avec les fournisseurs et les joueurs. Ces derniers ont déjà accepté de baisser leurs salaires la saison dernière. Les caisses des clubs sont actuellement vides et les pertes financières devraient s’accroître cette année. Mais finissons sur une note positive: le Président de la Liga, Javier Tebas, a annoncé lundi 1er février un possible retour du public dans les stades au mois d’avril ou mai. En Espagne, la billetterie des stades représente environ 20% des rentrées d’argent des clubs.
En Italie, la serie A souffre des stades vides
Comme en France, les droits TV sont incontournables. Les négociations privées entre la Lega, l'équivalent de la Ligue en France, et trois opérateurs : Sky, Dazn et Discovery débutent vendredi 5 février. Ce qui est en jeu ce sont les droits de diffusion du championnat de Serie A pour la période 2021-2024. On ne connaît pas les montants des offres proposées, ils sont tenus secrets pour le moment mais de ces droits pourrait bien dépendre l'avenir des clubs italiens en manque d'argent frais. En juin dernier, au terme de la saison précédente, le déficit des équipes de Serie A s'élevait en tout à 800 millions d'euros dont 590 pour les seuls Juventus, Inter, Milan et Roma, le club de la capitale présentant le trou le plus conséquent avec 204 millions d'euros. De généreux droits télés seraient donc les bienvenus mais vu la conjoncture, rien n'est moins sûr.
Comme partout en Europe, la pandémie n'améliore rien en effet. Pour vous donner une idée de la situation financière du football italien, le manque à gagner en 2020 s'est élevé selon le magazine Panorama, à 600 millions d'euros dont 360 millions d'euros seulement à cause des stades vides. Ce n'est pas prêt de s'arrêter puisque les rencontres vont encore se dérouler sans public au moins jusqu'en juin. En octobre dernier, en raison de la situation et des perspectives déjà bien sombres, les clubs avaient écrit sans succès au gouvernement pour obtenir des aides. La pandémie n'est pas seule en cause puisque selon un rapport sur la période 2009-2019, les clubs italiens ont perdu en tout près de 3,5 milliards d'euros. Sans les investisseurs étrangers qui ont mis la main à la poche, beaucoup auraient pu mettre la clé sous la porte.
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