Cet article date de plus de deux ans.

Guerre en Ukraine : la Pologne et la Hongrie, premières destinations des réfugiés ukrainiens

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction la Hongrie et la Pologne, deux pays qui se sont retrouvés en première ligne pour accueillir les Ukrainiens et les Ukrainiennes.

Article rédigé par franceinfo - Sarah Bakaloglou, Florence La Bruyère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Arrivée de refugiés ukrainiens a la frontière polonaise, au poste de Kroscienko, le 26 février 2022.  (NICOLAS CLEUET/ MAXPPP)

Plus de deux millions d'Ukrainiens ont déjà fuit leur pays devant l'avancée des troupes Russes. Voisins du pays envahi, la Pologne et la Hongrie sont les premiers pays de destination des civils qui fuient vers l'Ouest. Les deux pays, précédemment connus pour leur refus de la migration, ouvre désormais leurs portes aux centaines de milliers de réfugiés.

>> Guerre en Ukraine : suivez l'évolution de la situation en direct

La Pologne met en avant son rôle crucial

La Pologne est devenue un acteur crucial dans cette crise. Plus d’1,2 million de réfugiés sont arrivés dans le pays, principalement des femmes et des enfants. Et le gouvernement polonais souligne cette implication. Il a lancé un hashtag spécial sur les réseaux sociaux : #PolandFirstToHelp, soit "La Pologne est la première a aider".

"Les Polonais prouvent ce qu'est la solidarité", a déclaré le lundi 7 mars le Premier ministre,  Mateusz Morawiecki. Il a d'ailleurs reçu Filippo Grandi, le Haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, qui salue le travail de la Pologne. Des images qui contrastent avec les critiques que recevait la Pologne, il y a encore quelques mois, pour son attitude à la frontière avec la Biélorussie. Varsovie avait notamment été accusée de refouler les migrants venus entre autres du Moyen-Orient. 

Ce rôle essentiel joué par la Pologne pourrait adoucir la position de l'Union européenne sur les questions de l'état de droit dans le pays. Car il faut rappeler que Varsovie, jusqu'à ces dernières semaines, était dans le collimateur de Bruxelles pour ces atteintes à l'indépendance de la justice. Et les fonds européens du plan de relance n'ont toujours pas été versés à la Pologne à cause de cela.

Ce qui suscite la colère de  Beata Szydło, députée européenne et ancienne première ministre du gouvernement conservateur. Elle a accusé la Commission européenne de soutenir de facto Poutine en continuant à suspendre les fonds européens destinés à la Pologne.

Une crise gérée par les ONG et la société civile

Le Premier ministre Mateusz Morawiecki affirmait ce 7 mars qu'"en Pologne, nous n’avons pas besoin de créer de camps spéciaux de réfugiés grace à la solidarité des Polonais". Mais pour les ONG interrogées, cet afflux est principalement géré par la société civile et les particuliers. Elles considèrent qu'il manque des solutions à long terme et une réponse systémique de la part du gouvernement. 

"Normalement, dans ce genre de crise, le coordinateur de tous les systèmes d'aide doit être l'État, pas les associations, insiste Anna Dabrowski, de l'organisation Homo Faber basée à Lublin. Mais en Pologne, en ce moment, ce sont les ONG qui mettent en place cette aide systématique. Et ce n'est pas bien, car nous ne sommes pas en mesure d'assumer toutes leurs responsabilités, surtout dans les petites villes près de la frontière où il n'y a pas d'association, mais seulement des habitants.

Le gouvernement a adopté une loi qui va être présentée au Parlement. Elle permet aux Ukrainiens et Ukrainiennes de rester 18 mois légalement en Pologne et de pouvoir travailler une période qui peut être étendue à 18 mois supplémentaires. 

La Hongrie, pays de transit pour les réfugiés

Ce 8 mars,180 000 Ukrainiens ont déjà traversé la frontière vers la Hongrie. Mais ce chiffre est trompeur parce que la Hongrie est un pays de transit. Beaucoup de réfugiés n'ont pas choisi de venir dans ce pays : ils ont sauté dans le premier train où il y avait de la place et qui partait vers l'ouest. Ou alors, pour ceux qui sont venus en voiture, la frontière hongroise était le chemin le plus court pour s'échapper. Et une fois arrivé en Hongrie, un grand nombre continue vers d'autres pays. 

La principale destination, c'est la Pologne. Les Ukrainiens y ont souvent des amis ou des connaissances. Depuis Budapest, la Pologne est à seulement 8 heures de train. Et les Ukrainiens comprennent plus facilement le polonais que le hongrois, qui n'est pas une langue slave, ni indo-européenne. Selon le Premier ministre Viktor Orban, au moins 70% des personnes qui sont entrées en Hongrie ont déjà quitté le pays. Ça signifie que sur 180 000 personnes, 126 000 seraient reparties vers le reste de l'Europe. Il n'y a pas décompte exact, mais il est probable que la majorité se rende en Pologne.

Des centaines de bénévoles mobilisés à la frontière

Parmi ceux qui restent en Hongrie, il y a les membres de la minorité hongroise d'Ukraine. En effet, des Hongrois vivent de l'autre côté de la frontière depuis des siècles. Quelques dizaines de milliers sont venus se réfugier en Hongrie. Ils ont des cousins ou des amis, et n'ont donc pas besoin d'assistance.

Les autres Ukrainiens, eux, n'ont nulle part où aller. Et notamment les familles roms venues d'Ukraine. Pour accueillir les réfugiés, des centaines de bénévoles sont venus aider à la frontière, apporter des couvertures, de la nourriture, des médicaments. Les villages ont mis en place des hébergements d'urgence avec l'aide de plusieurs églises. Viktor Orban était auparavant hostile à l'arrivée de réfugiés majoritairement musulmans. Mais aujourd'hui, il ouvre les bras en grand aux Ukrainiens. 

Actuellement, les centres d'accueil de l'État hébergent 3 000 personnes. À cela s'ajoutent ceux qui sont logés chez des particuliers, dans des communautés religieuses. Mais la Hongrie s'attend à un nouvel afflux massif de déplacés. Et même s'ils veulent repartir ailleurs, il faudra tout de même les héberger quelques jours pour qu'ils reprennent des forces. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.