Élections européennes : l'extrême droite caracole en tête des sondages en Autriche et en Hongrie

Les derniers sondages pour les élections européennes illustrent la montée de l'extrême droite en Europe, notamment en Hongrie et en Autriche.
Article rédigé par Isaure Hiace, Florence La Bruyère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le président du FPÖ, Herbert Kickl, lors d'un meeting à Vienne, le 24 mai 2024. (CHRISTIAN BRUNA / APA-PICTUREDESK)

À quelques jours des élections européennes, de nombreux sondages donnent en tête le Rassemblement national, en France. Mais plusieurs autres parties d'extrême droite sont en tête des intentions de vote, comme le FPÖ en Autriche alors qu'en Hongrie, le Fidesz, parti de Viktor Orban, mène une campagne agressive.

En Autriche, l'extrême droite revit

Le FPÖ, le parti d'extrême droite autrichien, est actuellement crédité de 27% des voix, soit 10 points de plus que le score que le parti avait fait lors des précédentes élections européennes en 2019. Cependant, le scrutin avait eu lieu quelques jours seulement après l'Ibizagate, retentissant scandale de corruption qui concernait le FPÖ et qui avait provoqué la chute de la coalition entre le parti et les conservateurs.

Depuis le FPÖ a regagné de nombreux électeurs et il le doit à son actuel chef, Herbert Kickl, à la tête du parti depuis 2021. Cet homme, très secret, n'était pas destiné à devenir le numéro un, et c'est pendant la pandémie de Covid-19, qu'il s'est imposé, en se faisant notamment le porte-voix du mouvement antivaccin, très important en Autriche.

Contrairement à d'autres partis d'extrême droite en Europe, Herbert Kickl assume un discours radical. Sa stratégie n'est pas celle de la dédiabolisation, au contraire, il ne fait pas mystère de ses positions pro russes, critique l'Union européenne dès qu'il le peut, a un discours anti-immigration très virulent et appelle à "l'orbanisation" de l'Autriche.

Il s'est également rapproché du très sulfureux mouvement identitaire autrichien. Cette stratégie de la radicalité assumée marque une différence avec celle défendue par ses prédécesseurs, mais elle semble fonctionner.

Le parti est pourtant rattrapé par les affaires puisqu'en avril 2024, une enquête pour corruption contre Herbert Kickl et plusieurs responsables du FPÖ a été ouverte, pour des faits remontant à leur participation au pouvoir entre 2017 et 2019.

Cela ne semble pas entraver le succès du parti, comme l'explique le journaliste Robert Treichler, qui vient de publier une biographie-enquête sur Herbert Kickl. "Il semble qu'un camp se soit à nouveau formé autour du FPÖ et on voit que les scandales ou les problèmes, qui touchent le parti, ont très peu d'influence sur les sondages. Cela semble montrer que les gens ont un réel besoin de ce parti, de Kickl et de ce type de politique et que, même s'il y a des scandales, ils resteront avec eux."

Le résultat du FPÖ aux élections européennes sera donc scruté, d'autant plus que les législatives sont prévues pour septembre en Autriche.

En Hongrie, la campagne virulente de Viktor Orban

Que ce soit en ville ou le long des autoroutes, la Hongrie est inondée de panneaux publicitaires géants, postés par le parti d'Orban, qui a acheté pratiquement tous les espaces publicitaires du pays. On y voit les opposants du Premier ministre, avec le slogan "Stop à la guerre !". Sur d'autres affiches, c'est la photo de Viktor Orban qui apparaît, avec le mot PAIX. Le message du Fidsz est que "l'opposition est pour la guerre, alors que Viktor Orban est pour la paix".

Dans les nombreux médias, contrôlés par son camp, Viktor Orban et ses ministres reprennent la propagande pro russe, en disant que l'Amérique est derrière cette guerre, l'opposition hongroise veut envoyer des Hongrois se battre en Ukraine et Ursula Van der Leyen, la présidente de la Commission, veut entraîner l'Europe dans le conflit. Tout cela est faux, mais à force de marteler ce message, on le fait rentrer dans la tête des gens.

Bien que le parti du Premier ministre domine la campagne, et que la télévision publique soit contrôlée par le pouvoir, elle organise un débat en vue des élections européennes, jeudi 30 mai 2024. Cependant, chaque candidat n'aura que cinq minutes pour présenter son programme.

Klara Dobrev, candidate d’un parti social-démocrate, a décidé d’y participer, même si elle trouve que c’est une parodie de démocratie. "Nous ne vivons pas dans une démocratie. Le régime d’Orban n’est pas démocratique ! La télévision nationale organise un soi-disant débat où les dirigeants des partis d’opposition ont quelques minutes pour donner leur monologue. Je n’appelle pas ça un débat !" Certaines télévisions indépendantes vont également organiser des débats, mais le Fidesz refuse d'y participer.

L'opposition peut s'exprimer librement sur les réseaux sociaux et Internet, mais là aussi, c'est David contre Goliath. De tous les pays de l'Union européenne, les vidéos de campagne les plus regardées sur YouTube sont celles postées par le parti de Viktor Orban. Chacune totalise entre 8 et 10 millions de vues et le Fidesz a dépensé près d'un million d'euros sur les réseaux.

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