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Covid-19 : les consignes sanitaires sont-elles respectées en Angleterre, en Grèce ou en Suède ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, direction l'Angleterre, la Grèce et la Suède pour voir si le confinement et les consignes sanitaires pour stopper la propagation de l'épidémie de coronavirus sont respectés.

Article rédigé par franceinfo - Richard Place, Angelique Kourounis et Frédéric Faux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Les gens font de l'exercice à Green Park, dans le centre de Londres, le 8 novembre 2020 (photo d'illustration). (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé mardi 10 novembre aux préfets "un renforcement" des contrôles du confinement mis en place il y a deux semaines pour freiner l'épidémie de Covid-19, alors que les consignes sanitaires semble moins respectées par les Français que lors du premier confinement. Direction l’Angleterre, la Grèce et la Suède pour voir comment ça se passe dans ces pays.

En Angleterre, drôle de confinement dans la capitale

Dans ce pays du Royaume-Uni, le confinement doit durer jusqu’au 2 décembre. Il est en place depuis une semaine mais cela ne saute pas aux yeux. Il fait grand soleil à Londres jeudi, comme depuis plusieurs jours et si vous faîtes un tour en ville, vous croisez des gens sur les trottoirs, dans les parcs, qui font du sport, qui promènent le chien, qui se baladent, qui boivent un café à l’extérieur à plusieurs parfois.

En fait, si les magasins dits "non essentiels" n’étaient pas fermés, on ne verrait presque pas de différence puisque dans le même temps, les marchés en extérieur continuent, de nombreux restaurants proposent des plats à emporter et certains pubs, rares c’est vrai, font la même chose pour les boissons. Le week-end dernier, dans les grands et beaux parcs de la capitale, il y avait carrément foule. Et là, on ne peut pas dire que la distance sociale ou la limitation des rassemblements étaient respectées. Par ailleurs, hormis dans les espaces fermés, le masque n’est pas obligatoire en Angleterre donc les scènes citées plus haut, il faut les imaginer avec des gens, pour la très grande majorité, avec bouche et nez découverts.
 
Ce confinement est à ce point relâché parce que les règles sont bien moins strictes qu’en France. En Angleterre, comme lors du premier confinement d’ailleurs, vous n’avez pas besoin d’attestation pour vous déplacer ou besoin d’un justificatif. Vous n’avez pas non plus de limite kilométrique de déplacement autour de chez vous. Le gouvernement a surtout donné des consignes, beaucoup plus que des ordres. Ensuite, il faut sans doute tempérer cette description des rues londoniennes. À Liverpool, les rues étaient quasi désertes en début de semaine. Dans cette ville du nord du pays où le taux d’infection est très élevé, la prise de conscience est sans doute plus importante. On peut imaginer que ce soit la même chose à Manchester, Nottingham ou Leeds, c'est-à-dire les endroits les plus durement frappés par la pandémie.

En Grèce, un confinement moins respecté que le premier

Lors du dernier confinement la Grèce était citée en exemple pour sa gestion de la crise sanitaire et le respect du confinement. Sauf que le pays est à nouveau confiné et cela ne se passe pas de la même façon. Malgré le confinement, il y a des embouteillages à Athènes et dans dans toutes les grandes villes du pays depuis le début de la semaine. Selon les statistiques, l'interdiction de rouler n'a été respectée qu'à 30% malgré les amendes sévères de 300 euros par personne. Si on sort des axes principaux, le port du masque est très aléatoire. Tout le monde l'a mais le porte en boucle d'oreille, sous le menton ou encore en bracelet autour du poignet. Pourtant, les nouvelles sont des plus alarmantes avec des records de cas de contamination (environ 2 000 par jour), des morts et des gens intubés. Plusieurs hôpitaux ont annoncé ne plus avoir de lit en réanimation.

La discipline n'est pas une spécialité locale mais ce changement d'attitude s’explique surtout parce que les Grecs ont constaté les erreurs cumulées du gouvernement. Il a d’une part ouvert les frontières aux touristes en juin dernier sans test préalables. Il a d'autre part privilégié le système de santé privé au détriment du système public d'où la saturation des services de réanimation. La distribution de masques a été inadaptée dans les écoles. Le gouvernement a aussi annoncé en catastrophe un confinement de la capitale alors qu'il disait le contraire quelques heures auparavant. Il en profite pour appliquer une politique salariale des plus austères. Le gouvernement a en fait annulé toute sa bonne gestion de mars dernier, reconnue même par ses ennemis politiques. Un manque de sérieux qui ne pousse pas les Grecs à s’autodiscipliner.

En Suède, pas d'obligation grâce à la discipline des citoyens

La Suède est aussi touchée par cette deuxième vague, même si elle n’est pour l’instant pas de la même ampleur que dans d’autres pays en Europe. Ce pays, qui n’a jamais confiné sa population, ni recommandé l’usage du masque, reste cependant sur la même ligne : rien n’est obligatoire, et les autorités se contentent de donner des recommandations. Et ces recommandations, qui visent avant tout à rappeler les règles d’hygiène et à limiter les déplacements ne sont pas de simples conseils. Les Suédois sont très fortement incités à les respecter mais il n’y a pas de sanctions légales ou d’amendes pour ceux qui ne le font pas. Et pourtant, ça marche. En s’appuyant sur la géolocalisation des téléphones portables, l’Autorité de santé constate que dès qu’elle s’exprime, les déplacements diminuent de 15 à 20%.

La Suède peut se permettre cette politique parce que ses citoyens sont plus disciplinés que les autres. C’est un cliché mais c’est vrai. Cette discipline des Suédois peut être attribuée à la religion protestante, qui insiste sur la responsabilité individuelle, mais aussi aux habitudes d’une société très organisée, basée sur la confiance. "Dans notre contrat social il n’y a pas des sujets passifs qui attendent les instructions de l’Etat, mais plutôt une relation de réciprocité avec des citoyens qui sont capables de prendre leurs responsabilités, explique l’historien Lars Trägårdh. On n’a pas besoin de policiers pour nous dire quoi faire car on a ce policier en nous, assis sur notre épaule, qui nous parle à l’oreille". Et tant que le système de santé permet d’endiguer l’épidémie, la Suède estime qu’elle n’a toujours pas besoin de confiner sa population.

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