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Allemagne, États-Unis et Grèce : où en sont ces pays avec leurs plans de relance ?

Dans Le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir tout ce qui se fait ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, nous vous proposons de regarder les plans de relance de l'Allemagne, des États-Unis et de la Grèce.

Article rédigé par franceinfo - Ludovic Piedtenu, Grégory Philipps et Angelique Kourounis, édité par Thomas Destelle
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Publié
Temps de lecture : 7min
Illustration de billets de banque. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Le gouvernement français a présenté jeudi 3 septembre les grandes lignes du plan de relance de 100 milliards d’euros pour faire face à la crise du coronavirus. Une crise mondiale où chaque pays essaye de réamorcer la machine économique et de préparer l’après Covid-19. Franceinfo vous propose de s’attarder sur trois pays : notre voisin Outre-Rhin, les États-Unis et enfin la Grèce.

En Allemagne, une baisse de la TVA et le développement de la filière hydrogène

Berlin a été la première capitale européenne à annoncer des mesures pour préparer l'après Covid-19. C'était au tout début juin, un plan de relance de 130 milliards d'euros pour le reste de cette année 2020 et 2021. Des mesures de soutien à l'économie avec notamment celle qui coûtera le plus cher à l'Etat, une baisse de la TVA jusqu'à la fin de l'année, de 19% à 16% et de 7% à 5% pour la TVA réduite.

Il y a aussi une aide financière pour les familles, pour les parents, de 300 euros par enfant. Une aide aussi pour les communes, pour l'automobile ainsi que plus de 10 milliards pour les hôpitaux. Beaucoup a été fait aussi pour le secteur culturel. Tout le monde a un peu reçu son obole. Et puis, une partie de cet argent est mobilisé pour l'avenir. Les Allemands veulent moderniser leurs infrastructures, comme développer le réseau 5G. Ce n'est donc pas seulement un stimulus pour la demande et l'offre, mais aussi pour permettre au pays et à l'économie allemande de franchir des caps, des "seuils qualitatifs", pour rester compétitif. C'est le cas notamment des aides au secteur automobile, un secteur qui pèse énormément dans l'économie allemande.

Comme en France, les Allemands veulent développer la filière hydrogène et devenir un leader de cette énergie dite propre. Pareil pour le véhicule électrique dans l'automobile. Tous ces milliards ne sont pas juste pour soigner ou juguler la crise, mais vraiment pour permettre au pays de gagner des points de croissance supplémentaires. Et apparemment, cela pourrait marcher. Le résultat, selon les dernières prévisions économiques publiées en cette fin d'été, montre que ce plan de relance devrait permettre d'amortir la chute du PIB cette année. Une chute qu'on attend de 6% environ, qui pourrait être presque entièrement compensée à la fin de l'année prochaine. Il faut dire que l'État allemand a pu mobiliser énormément d'argent depuis le début de cette crise. Des réserves que la France n'a pas. À titre d'exemple, Berlin a dès le mois de mars mis sur la table plus de 1 000 milliards d'euros.

Aux États-Unis, l’adoption d’un nouveau plan de relance est à l’arrêt

Depuis le début de l'épidémie, plus de 3 000 milliards de dollars ont déjà été injectés dans l'économie. En revanche, ça coince pour l'adoption d'un nouveau plan de relance. Tout est paralysé depuis début août car démocrates et républicains n’arrivent pas à s’entendre. La Maison Blanche est d’accord pour un nouveau plan de relance à 1 300 milliards de dollars, mais les démocrates et la patronne de la Chambre des représentants Nancy Pelosi veulent beaucoup plus : environ 2 200 milliards. Cette somme est même pour elle la condition préalable à toute reprise des négociations.

On est donc dans une impasse. Au Congrès, le Sénat est en pause, et les élus républicains ne devraient pas déposer un nouveau projet de plan de relance avant la semaine prochaine. Pourtant, au printemps pour le premier de relance, il y avait eu une approche commune et bipartisane, ce qui est assez rare sous cette présidence. Mais aujourd’hui on est à deux mois des élections présidentielles et parlementaires, il ne faut pas l’oublier. Elles auront lieu le 3 novembre, donc personne, ni les démocrates, ni les républicains, n’a l’intention de céder.

Au-delà des sommes, la question est de définir les priorités de ce plan de relance. Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor de Donald Trump, explique que ce nouveau plan est pour aider en priorité les enfants et l’emploi. En revanche, les républicains veulent interrompre les allocations chômage fédérales qui ont été portées temporairement jusqu’à 600 dollars par semaine. Et du côté des démocrates, on veut que cette aide soit aussi distribuée aux collectivités locales, aux locataires qui n’arrivent plus à payer leur loyer, et qu’une partie de ces 2 200 milliards voulus par Nancy Pelosi soit affectée à la bonne marche des élections le 3 novembre.

En Grèce, le plan de relance de l’UE est le bienvenu

La crise du coronavirus a frappé la Grèce au moment où elle se relevait de 10 ans d’une terrible crise économique où son PIB a chuté d'un quart. Autant dire que même tardif le plan de relance de l'Union européenne est le bienvenu. La Grèce a obtenu près de 32 milliards du Fonds de soutien européen, dont 19,5 en subventions et 12,5 milliards en prêt.

Athènes est terriblement touchée par cette nouvelle crise à cause de la chute vertigineuse des rentrées du tourisme qui représente pour plus de 25% dans son PIB. Aussi, l’essentiel de ces fonds iront dans le soutien de ce secteur pilier de l'économie. Une autre part ira dans le secteur médical laminé par les mesures d'austérité passées. Enfin, une aide conséquente est prévue pour les PME, véritable colonne vertébrale de l'économie du pays.

Ce fonds de soutien a eu des répercussions politiques. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a refusé que cet apport soit accompagné d'une mise sous tutelle supplémentaire de l'économie grecque. Il a aussi procédé à un remaniement ministériel en créant deux postes spécialement prévus pour le traitement de ces fonds. Les 70% de ces subventions seront reçus dans les années 2021 et 2022. Les 30% restants seront entièrement reçus d'ici la fin de l'année 2023. Ce qui semble très lointain au regard des 13% de récession annoncés pour septembre.

Autre problème, la hausse surprise et imprévue des dépenses militaires à cause des tensions en Méditerranée orientale avec la Turquie. Un achat conséquent de Rafales, de drones ainsi que le recrutement de 6 000 militaires est prévu d'ici janvier.

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