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Présidentielle 2022 : la résolution à deux coups de Fabien Roussel sur l'antisémitisme

Le candidat communiste à la présidentielle 2022 peaufine en ce moment une résolution à l'Assemblée nationale sur l'incitation à la haine et l’antisémitisme. Un texte forcément très politique.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et candidat à la présidentielle. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Faire en sorte que les personnes condamnés pour incitation à la haine, convaincus d’antisémitisme ou de discrimination en fonction de la religion soient déclarées inéligibles par les juges pour cinq ans : c'est l'objet de la résolution que prépare Fabien Roussel, candidat du Parti communiste à la présidentielle 2022, qu'il souhaite voir adoptée par l'Assemblée nationale.

La résolution, c’est une façon pour les parlementaires d’exprimer une position, sans passer par la rédaction d’une nouvelle loi. Là, typiquement, la résolution portée par Fabien Roussel et le groupe communiste ne crée pas de nouvelle réglementation. Le texte exprime plutôt une position de principe. Un vœu, un souhait : l'inégibilité pour les personnes condamnées pour incitation à la haine, convaincues d’antisémitisme ou de discrimination religieuse.

Dans le viseur de Fabien Roussel : le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, poursuivi précisément pour provocation à la haine et injure raciale. Mais le communiste espère en réalité faire d’une pierre deux coups… Car la résolution est présentée le 2 décembre, en plein pendant le congrès des Républicains. Non sans gourmandise, l’entourage de Fabien Roussel assume que le texte est "conçu comme un piège" pour cette droite tiraillée entre le besoin de se démarquer d’Eric Zemmour, et l’envie de ne pas froisser l’électorat séduit par l'éditorialiste.

"Mettre chacun devant ses responsabilités"

Que votera par exemple un Eric Ciotti, député, le plus "zemmouro-compatible" des candidats au congrès de la droite ? Se trouvera-t-il des élus Les Républicains pour voter contre la proposition communiste, au risque de se voir accusé de cautionner l’antisémitisme ? "On veut mettre chacun devant ses responsabilités" explique Fabien Roussel, qui a pris sa plume pour écrire à chaque député. "On veut aussi mettre la grosse pression sur la France Insoumise", explique un élu PCF, qui perçoit une ambiguïté, voire une division du groupe de Jean-Luc Mélenchon sur l’opportunité de voter cette résolution.

Fabien Roussel le sait : dans la bataille du leadership qui se poursuit à gauche, il part avec un handicap, à savoir son manque de notoriété. D’où la volonté de faire plus de bruit autour de ses idées, avec dès ce week-end un meeting à Paris qui se veut, selon ses équipes, une "démonstration de force". Il y sera question de salaires, avec des travailleurs modestes – caissière, infirmière – et des ouvriers menacés de perdre leur emploi qui prendront la parole, juste avant le discours du candidat Roussel.

D’une certaine façon, c’est une campagne "en même temps" que va tenter le communiste : être le candidat d’une gauche rurale et ouvrière – donc parler pouvoir d’achat et service public – et en même temps d’une gauche républicaine – d’où la résolution sur l’antisémitisme.

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