Politique : l'exécutif face à la difficulté de négocier avec des syndicats débordés par les mouvements sociaux
Au sommet de l’Etat, il y a un constat qui affole : les syndicats sont les principaux organes officiels de discussions entre les travailleurs et le pouvoir. Or, les récents mouvements sociaux, tels que celui des contrôleurs SNCF ou des médecins généralistes, ont éclos en dehors des syndicats, et notamment sur internet. Pour certains en Macronie, c’est bien le signe que ces corps intermédiaires sont de moins en moins représentatifs, ou qu’ils sont tout simplement dépassés par des mouvements plus spontanées, hybrides, mais, au fond, plus difficiles à décrypter et à gérer.
Quatre ans après les "Gilets Jaunes", rares sont ceux au sein de l’exécutif qui pensent que ce sont eux qui pourraient remettre le feu aux poudres, même si un appel à manifester est lancé pour samedi 7 janvier. En réalité, l’inquiétude qu’on ressent quand on discute avec des ministres ou des conseillers, c’est leur crainte de ne pas voir venir la prochaine crise. "Rien ne dit que ça va s’enflammer sur les retraites en janvier", explique une cheffe de cabinet à franceinfo, avant de conclure : "La colère peut exploser sur un autre sujet, plus tard."
Tout est donc potentiellement explosif
Comprenez : l’inflation, la crainte des faillites pour les petits commerçants, les boulangers qui exhibent leurs factures d’électricité à la télévision... Qui sait d’où peut venir la prochaine étincelle ? C’est cela qui inquiète. Lundi 2 janvier, sur France inter, Brice Teinturier, le patron d’Ipsos, expliquait que "36 % des Français disent appartenir à une France en colère", et ce, malgré les dispositifs d’aide, les ristournes et l’une des inflations les plus basses d’Europe.
D'où une certaine difficulté à apporter des réponses politiques. A partir du moment où les syndicats n’ont plus totalement la main, où des mouvements sociaux peuvent émerger sur Facebook : comment comprendre, répondre et traiter ces demandes ? Ce n’est pas une petite question. Et il n’est pas dit que l’exécutif n’ait pas une part de responsabilité. Pendant son premier quinquennat, Emmanuel Macron a souvent tenté de se passer des corps intermédiaires. En 2023, au sein du gouvernement, beaucoup se demandent désormais comment réinventer le dialogue social.
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