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Le ministère des Armées envisage de "déconseiller l'usage de l'application" TikTok aux militaires français

L'application chinoise et ses millions d'utilisateurs en France est plus que jamais dans le viseur de la classe politique. Le brief politique de Hadrien Bect.
Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'application TikTok, installée sur un smartphone. (RITCHIE B. TONGO / EPA)

Les Etats-Unis l'ont annoncé lundi 27 février 2023 : les agences fédérales américaines devront s'assurer que leurs appareils ne sont plus dotés de l'application de vidéos TikTok sous 30 jours, a ordonné le Bureau de la gestion et du budget à la Maison Blanche. Et l'idée commence aussi à germer en France. A commencer par Brigitte Macron elle-même, la Première dame, engagée contre le harcèlement en ligne.

>> Les gouvernements canadien et américain bannissent TikTok des appareils de leurs fonctionnaires

Elle a ainsi reçu la semaine dernière le vice-président Europe du réseau social chinois en plein phénomène du "cicatrice challenge". Ce défi, si l'on peut dire, apparu sur TikTok, consiste à se filmer en train de se pincer jusqu'à laisser une marque sur son visage. Brigitte Macron a donc évoqué le sujet, mais n'a pas été franchement convaincue, croit-on comprendre, par les explications du responsable de l'application qui a invoqué un phénomène largement surestimé par les médias.

"Soupçons d'espionnage"

Ca, c'est pour la partie visible, car, dans les ministères, il y aussi de l'inquiétude autour de ce qu'on ne voit pas, à savoir le sort des données personnelles sur l'application. Et cela fait frissonner l'exécutif : "Disons les choses, il y a des soupçons d'espionnage", glisse un connaisseur du sujet. Car, on le sait, TikTok a des comptes à rendre au pouvoir de Pékin.

La Commission européenne a ouvert la voie, la semaine dernière, en interdisant l'application sur les téléphones professionnels de ses fonctionnaires. En France, le ministère des Armées a décidé de prendre le sujet à bras le corps face à des règles décrites comme "floues". Depuis la rentrée, une réflexion a ainsi été lancée pour établir un nouveau guide de bonnes pratiques à destination des militaires du rang. Il doit être publié d'ici l'été. S'il semble impossible de les priver de TikTok, "on pourrait aller jusqu'à leur déconseiller l'usage de l'application", avance-t-on au ministère, où l'on explique que toute information peut potentiellement être confidentielle.

On nous indique également que le ministère chargé de la Fonction publique est actuellement en lien avec la Commission européenne pour "identifier les raisons techniques" de la décision de l'exécutif européen.

Peut-on réguler TikTok ?

Enfin, tout cela soulève une question : qui peut réguler cette application ? C'est le défi auquel va tenter de répondre le Sénat, avec une commission d'enquête lancée cette semaine par le sénateur Claude Malhuret. Il envisage d'interroger des dirigeants du réseau social et pourra donner lieu à des recommandations, voire à une proposition de loi d'ici l'été.

Avant cela, l'exemple viendra-t-il d'en haut ? Ils ont beau appeler à la vigilance, pas sûr que nos responsables politiques puissent se passer de leur précieux compte TikTok, qui leur permet d'entretenir un lien avec la jeunesse. Marine Le Pen, Jean Luc Mélenchon, Emmanuel Macron cumulent chacun des dizaines de millions de vues sur le réseau social.

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