Encadrement du droit de grève : à quoi joue le gouvernement ?

Depuis la grève des contrôleurs à la SNCF, le gouvernement laisse prospérer une petite musique sur la sanctuarisation de jours sans grève. Pourtant, à ce stade, l'exécutif ne compte pas prendre d'initiative en la matière
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
La grève est un droit en France (illustration). (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Depuis une semaine, il y a une petite musique hostile à la grève dès qu'un membre du gouvernement prend la parole. Ça a commencé avec Gabriel Attal : "Les Français savent que la grève est un droit, mais aussi que travailler est un devoir". Un "et en même temps" du Premier ministre qui a permis aux ministres de s'aventurer sur le terrain de l'encadrement du droit de grève.

La  ministre du Travail Catherine Vautrin se dit "très attachée à la continuité du service public" et juge "pas acceptable de prendre en otage les Français pendant les vacances". Son collègue de l'Agriculture Marc Fesneau estime qu'on a "besoin de travailler sur un service minimum". Mardi, la ministre des Relations avec le parlement Marie Lebec ne se montre pas hostile à la "sanctuarisation" de certaines périodes. En privé, un poids lourd du gouvernement est même très cash : "oui il faut encadrer le droit de grève, dit-il, car l'usager paye cher pour le train et a le droit qu'on ne l'emmerde pas pendant les vacances". Une tonalité qui n'a rien à voir avec la position du ministre des Transports. Sur l'encadrement du droit de grève, Patrice Vergriete, venu de la gauche "ne souhaite pas qu'on en arrive là". Il préfère en appeler à la responsabilité des grévistes.

"N'abusez pas, sinon on devra sévir"

Une petite musique mais rien de plus. "Pour l'instant rien de prévu sur le sujet", assure Matignon. Pas d'initiative pour encadrer le droit de grève dans les cartons. Même si un conseiller de l'exécutif ne cache pas son "inquiétude" à l'approche des Jeux olympiques. En tout cas, le ministère des Transports n'a pas été missionné pour travailler là-dessus. Et il n'y a eu aucune consigne aux ministres, dans un sens ou dans l'autre, quant à leurs prises de parole sur ce sujet. "Les ministres de gauche donnent leur avis, et les ministres de droite donnent leur avis", résume un conseiller. En fait, le gouvernement joue la menace face aux grévistes : "N'abusez pas, sinon on devra sévir".

Mais la question va finir par se poser au Parlement puisque le patron des centristes au Sénat Hervé Marseille a déjà déposé sa proposition de loi pour un dispositif inspiré du modèle italien : 60 jours par an sanctuarisés sans grève dans les transports. Il va en discuter avec LR car Éric Ciotti veut aussi s'emparer de ce dossier porteur dans l'opinion. Au Sénat on imagine un examen du texte début avril, donc assez vite. À ce moment-là, il faudra bien que le gouvernement arrête sa position : avis favorable ou défavorable ? "Les déclarations ministérielles des derniers jours ne valent pas blanc seing de l'exécutif", prévient un conseiller. Il faut dire que les syndicats sont montés au créneau. La patronne de la CGT Sophie Binet n'hésite pas à convoquer le régime de Vichy, "dernier gouvernement à avoir interdit le droit de grève".

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