Élections européennes : au sein de la majorité présidentielle, certains cadres s'inquiètent des mauvais sondages

La liste macroniste aux européennes, conduite par Valérie Hayer, ne décolle pas dans les sondages, la candidate est même loin derrière le RN. Dans la majorité certains commencent à s'inquiéter de cet écart.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Gabriel Attal, le Premier ministre, et Valérie Hayer, la candidate de la majorité aux élections européennes, lors d'un meeting à Lille, le 9 mars 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Je ne sais pas si c'est rattrapable", confie une ministre inquiète de voir Jordan Bardella caracoler en tête des sondages pour les élections européennes du 9 juin, alors que la candidate macroniste Valérie Hayer stagne, voire baisse. Elle est à 16,5% dans le sondage Elabe pour La Tribune Dimanche quand le RN est à 30% et Raphaël Glucksmann qui n'est plus si loin, avec 12% pour la tête de liste PS.

Un autre membre du gouvernement est fataliste, "les européennes, c'est typiquement le scrutin pour exprimer énervement et rejet d'Emmanuel Macron", dit-il. Mais certains cadres dédramatisent : "les sondages ne veulent rien dire, car on n'a encore rien déployé de notre campagne !" Même s'il y a une enquête qu'ils vont suivre très attentivement : le rolling de l'Ifop, qui mesure l'évolution de l'opinion chaque jour et qui commence lundi 8 avril à 17 heures.

La stratégie anti-RN ne porte pas ses fruits

Le Rassemblement national semble hors de portée, mais pour tenter de refaire son retard, Valérie Hayer débattra lundi 8 avril à 21 heures avec Marion Maréchal sur Cnews, avec une idée en tête : donner de l'oxygène à la candidate de Reconquête - qui flirte avec la barre des 5% - pour qu'elle pique des voix à Jordan Bardella. Jusqu'ici, la stratégie macroniste consistant à faire feu de tout bois contre le RN n'a pas porté ses fruits. Accuser le RN d'être pro-russe ? Expliquer que les troupes de Marine Le Pen proposent un Frexit en pièces détachées ? Reprocher à Jordan Bardella de ne pas être très impliqué dans son travail parlementaire à Bruxelles ? "Rien n'accroche, tout glisse sur eux", se désole une eurodéputée, et puis "ça n'est pas une stratégie conquérante", regrette une ministre.

La campagne "conquérante" devrait débuter sous peu. Les macronistes veulent montrer que l'Europe permet "des progrès" dixit un ministre, notamment avec le pacte asile immigration qui doit être voté mercredi 10 avril à Bruxelles, et que Valérie Hayer sera la seule candidate à soutenir. Elle en assurera d'ailleurs le service après-vente en fin de semaine à Menton, à la frontière italienne. Pour remonter la pente et arriver à dépasser la barre des 20% - l'objectif qui circule en coulisses - la majorité présidentielle compte sur ses futures propositions. Elles devraient commencer à être distillées d'ici une dizaine de jours. Une réunion est justement prévue aujourd'hui à l'Élysée pour discuter du programme. Le chef de l'État s'impliquera aussi dans la campagne, notamment avec un grand discours sur l'Europe, dont la date n'est pas encore calée. "Macron, glisse un cadre, c'est notre meilleure incarnation de l'Europe".

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