Commission des finances : après l'annonce des coupes budgétaires, Bruno Le Maire est attendu de pied ferme par les députés
Bruno Le Maire et Thomas Cazenave seront auditionnés mercredi 6 mars dans l'après-midi par les députés de la Commission des finances. "Ça va être un moment de merde", commente un conseiller de Bercy qui n'y va pas par quatre chemins. Mais les ministres des Finances et du Budget sont prêts à faire face aux critiques. Bruno Le Maire rôde ses arguments dans une interview au journal Le Monde. Le locataire de Bercy ne croit pas à un État qui devient "une pompe à fric", et assume le freinage "d'urgence" alors que les commissaires aux finances, du RN à LFI, sont remontés contre ces 10 milliards d'économies.
Une annulation massive de crédits à peine deux mois après la promulgation du budget. LR va dénoncer "le tour de passe-passe du gouvernement qui avait surestimé la croissance". PS et Insoumis veulent une audition sous forme de question-réponse "du tac au tac", "afin que les ministres ne puissent pas se dérober en choisissant leurs questions". Il y a souvent cinq questions à la suite, avant une réponse groupée.
Un problème démocratique pour les élus de gauche
La gauche a réclamé, en vain, un budget rectificatif, car selon le président de la Commission des finances, l'insoumis Éric Coquerel, ces "coupes sombres" rendent le budget 2024 "insincère". Ce n'est pas l'option qu'a choisie le gouvernement, trop risquée en majorité relative. Un 49.3 aurait été nécessaire, il y aurait eu une motion de censure périlleuse avant les européennes. Autant "jouer à la roulette russe avec 12 balles dans le barillet", selon un ministre qui évoque un budget rectificatif, mais après les élections.
À court terme, cette audition sera donc le seul moment de débat. "C'est un problème démocratique, pointent des députés de gauche, avec les 49.3, on ne débat plus du budget, on ne vote plus et les économies passent par décret". "Les oppositions vont faire leur cirque cet après-midi, c'est le jeu", concède un député Renaissance qui dédramatise.
Dans la majorité aussi ce coup de rabot fait grincer des dents, tout comme la méthode. "On ne conteste pas la nécessité de faire des économies, confie une élue Renaissance, mais on n'a pas été consultés, alors qu'on a besoin de connaître l'impact concret des annulations de crédits". Ces élus de la majorité critiques le diront sans doute moins fort que l'opposition. "Je n'ai pas envie de massacrer Bruno Le Maire, assure un député Modem, mais j'aimerais qu'on soit écoutés". D'autant que chez les amis de François Bayrou, certains ont une autre idée que les économies massives : "il faut augmenter les impôts", des plus riches seulement via un ISF vert ou la taxation des dividendes. Bruno Le Maire redit au Monde son opposition aux hausses d'impôts. Pour lui la taxation des plus fortunés ne peut s'envisager qu'à l'échelle internationale.
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