Après des semaines "d'ambiguïté stratégique", Gérard Larcher assure qu'il ne souhaite pas être Premier ministre
"Ça tord le cou à la rumeur", "c'est important qu'il se soit exprimé", "mieux vaut tard que jamais"... Des cadres de droite ne sont pas mécontents que Gérard Larcher ait, enfin, mis les points sur les i. Dans le huis clos de la réunion des sénateurs LR mardi 4 juin au matin - et avec pour objectif que ce soit répété - le président du Sénat est formel : "Je ne souhaite pas être le Premier ministre de Macron".
À quelques jours des élections européennes, il y avait urgence car la petite musique de la coalition commençait à agacer certains élus, alors que la tête de liste François-Xavier Bellamy doit faire face aux questions des journalistes sur ce sujet, ainsi qu'aux attaques du RN et de Reconquête sur le thème : LR n'est pas l'opposition mais de futurs alliés d'Emmanuel Macron.
Gérard Larcher dit qu'il veut faire taire "les rumeurs dont on connaît les origines". À droite, ils sont nombreux à accuser l'Élysée, et les macronistes en général, d'instrumentaliser l'hypothèse Larcher à Matignon pour discréditer LR en fin de campagne. Mais c'est un peu plus compliqué que ça, car Gérard Larcher lui-même a soufflé le chaud et le froid. "C'est le moins qu'on puisse dire", grimace un sénateur. Un conseiller LR s'en amuse : "Larcher a cultivé une ambiguïté stratégique, il a joué avec cette idée".
"Son nom reviendra"
Il suffit de reprendre ses déclarations. Interrogé mi-mai par La Tribune du dimanche sur l'hypothèse d'arriver à Matignon à la tête d'une coalition entre LR et la macronie, le président du Sénat botte en touche : "ces décisions appartiennent au Président de la République". Pas vraiment une fin de non recevoir, ni une offre de service justifiait son entourage. Toujours est-il que Laurent Wauquiez avait jugé utile, au cas où, de rappeler à Gérard Larcher tout le mal qu'il pensait d'un éventuel accord avec le chef de l'État. Mais il y a une semaine, Gérard Larcher explique - toujours énigmatique - à l'AFP qu'il faudra bien apporter "une réponse" en cas de raz-de-marée d'extrême-droite dans les urnes le 9 juin.
Mardi matin devant les sénateurs Gérard Larcher a donc souhaité clore ce chapitre. "C'est surtout Macron qui ne souhaite pas que Larcher soit Premier ministre", tance un ténor de la droite. Rappelons que ce n'est pas la première fois que son nom circule pour Matignon. Déjà à l'époque des "gilets jaunes", puis régulièrement depuis 2022 et l'absence de majorité absolue macroniste à l'assemblée. Un stratège LR est donc formel : "Quoi qu'il fasse, son nom reviendra à la prochaine crise !"
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