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Le Brief éco. Thomas Cook et les "Credit Default Swaps" : vers un scandale dans le scandale ?

La faillite du voyagiste déclenche le paiement des CDS, un produit financier. Au total, 250 millions de dollars vont être versés, soit l'équivalent des fonds que l'entreprise avait besoin de réunir pour éviter la faillite.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'agence Thomas Cook de Clermont-Ferrand (Puy-de Dôme). Photo d'illustration. (CLAUDIE HAMON / FRANCE-BLEU PAYS D’AUVERGNE / RADIO FRANCE)

Thomas Cook France va demander à son tour son placement en redressement judiciaire et c'est une autre affaire qui apparaît. Un scandale au sein du scandale. Il s’agit du règlement des Credit Default Swap (CDS : "credit" pour emprunt, "default" pour faillite, et "swap" pour échange). Un CDS est un produit financier qu’un investisseur va acheter auprès d’une banque pour se couvrir en cas de faillite de ses emprunteurs. C'est l'équivalent d'une assurance avec prime. Le dépôt de bilan de Thomas Cook vient de déclencher le paiement de ces CDS pour que les créanciers récupèrent l'argent qu'ils ont prêté à l'entreprise.

Sommes colossales

Les banques d’investissement qui ont vendu ces CDS aux agents économiques en question vont devoir leur verser la modique somme de 250 millions de dollars (un peu moins de 230 millions d’euros). Alors que les 22 000 salariés du groupe s’interrogent sur leur avenir, que des dizaines de milliers de touristes sont encore bloqués à l’étranger, les porteurs de ces CDS vont toucher l’équivalent de la somme qui aurait permis à Thomas Cook de poursuivre son activité.

Spéculation financière

Ces montages financiers sont on ne peut plus légaux. Nous sommes en plein cœur de la  spéculation financière. Le marché des CDS pèse aujourd’hui dans le monde environ 10 000 milliards de dollars. On a même vu dernièrement, aux Etats-Unis, des entreprises faire volontairement défaut pour déclencher ces fameux contrats d’assurances déguisés. Le fait qu'un investisseur, un prêteur, veuille récupérer son argent n'a rien de mal en soi, c’est même logique. Mais dans de telles conditions, c’est bien la preuve que le monde de la finance ne tourne plus rond du tout, et qu’il appelle d'urgence une nouvelle régulation.

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