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Le brief éco. Pourquoi la croissance, meilleure que prévue en 2017 en France, ne créera presque pas d’emplois

 L'Insee a dévoilé ses prévisions de croissance et estime qu'elle sera de 1,8% pour 2017. Mais l'impact sur l'emploi sera faible.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un bureau Pôle emploi à Dunkerque (Nord). (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

La croissance de l'économie française devrait être meilleure que prévue cette année (+1,8% contre 1,6% initialement prévu). Mais selon l'Insee, ce niveau qualifié d'inédit depuis 2011, n’aura pas, ou très peu, d’impact sur l’emploi. 

Au cours du seul second semestre, les créations nettes d’emplois vont nettement marquer le pas, selon l’Insee : seulement 41 000 créations contre un peu plus de 150 000 au premier semestre, soit entre trois et quatre fois moins. C’est la conséquence de deux facteurs. 

1. La fin de la prime à l’embauche dans les PME intervenue le 30 juin a cassé l’impact plutôt favorable du Cice (Crédit Impôt Compétitivité Emploi)

2. La réduction du nombre de contrats aidés décidée par le nouveau gouvernement, qui va freiner par la création d'emplois. Mais cette baisse des contrats aidés concernera essentiellement le secteur non marchand (secteur public, associations, collectivités…). En revanche, dans le secteur marchand (entreprises privées), l’Insee dit clairement que les perspectives d’embauches restent favorables.

Une croissance "disruptive"

Depuis un peu plus d’un an, nous avons bénéficié des prix bas du pétrole, donc de l’énergie, liés taux d’intérêt très bas également. Cela a redonné des marges aux entreprises qui ont recommencé à investir. Pas par plaisir. Si nos entreprises investissent, c’est qu’il y a de la demande, notamment grâce à la consommation des ménages.

Et puis il y a l’idée que défendent certains économistes : l’existence d’une croissance cachée que l’on doit à l’innovation "disruptive". L’économie disruptive casse les codes traditionnels et rompt avec les anciens schémas. C’est le numérique, l’ubérisation, etc. L’effet de ces innovations n’est pas encore intégré dans le calcul de la croissance car on ne sait pas en apprécier la juste valeur. Son impact positif serait bel et bien réel.

Des questions en suspens

Cette amélioration de la croissance pourrait se poursuivre. Il n’y a pas de raisons que cette dynamique se casse, mais tout dépend de certains facteurs à venir : quel va être l’impact sur l’emploi de la transformation du CICE en baisses de charges directes ? Les taux d’intérêts vont-ils rester aussi bas et profiter notamment au secteur de l’immobilier, donc au bâtiment créateur d’emplois? Comment vont évoluer les prix de l’énergie ? Et si l’inflation revient, jusqu’où pénalisera-t-elle le pouvoir d’achat des Français et donc leur consommation ?

En matière de reprise et de croissance, la France fait moins bien que ses partenaires européens. Et puis, un point noir : notre commerce extérieur reste déficitaire car on importe toujours plus que l’on exporte. Donc oui, la dynamique est là. Mais on aurait tort de se reposer sur nos lauriers. Il faut poursuivre les réformes, celle de la formation en premier lieu, dont découlent les emplois adaptés aux besoins des entreprises. Il y a aujourd'hui en France 250 000 emplois non pourvus dans les entreprises privées, faute de profils correspondants aux postes disponibles.  

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