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Le brief éco. Le groupe de transport maritime CMA-CGM jette l'éponge en Iran

L'armateur français CMA-CGM se retire d'Iran sous la pression des États-Unis. C'est ce qu'a annoncé son PDG Rodolphe Saadé, samedi 7 juillet, lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un navire port-conteneurs français de l'entreprise CMA-CGM quitte le port de Saint-Nazaire, le 20 juillet 2016.  (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

La liste des entreprises qui stoppent leurs activités en Iran à cause des pressions américaines s’allonge. C'est au tour en effet de l'armateur français CMA-CGM qui a annoncé son retrait du pays, le samedi 7 juillet. Il s'agit de la compagnie dont nous pouvons parfois apercevoir, depuis les plages des vacances, les énormes bateaux porte-conteneurs qui naviguent au loin. Le groupe dirigé par la famille Saadé ne desservira plus l'Iran pour ne pas se retrouver sous le coup de sanctions. Cette décision découle des mesures prises par Donald Trump avec la sortie des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien le 8 mai dernier.

Pour rappel, l’administration américaine pénalise les entreprises étrangères implantées sur le sol américain et qui font des affaires avec l’Iran. Ces entreprises compensent leur chiffre d’affaires en dollar qui est la monnaie d’échange internationale. 

Les enjeux financiers sont très importants

Les réactions sont rapides car les enjeux financiers sont très importants. Ce sur quoi joue énormément le président américain. Renault et Peugeot dans l’automobile, Airbus et ATR dans l’aérien, BNP Paribas dans la banque, Total dans le secteur sensible du pétrole. Suite à l’abandon de son projet d’exploitation en Iran, la multinationale pétrolière française a déjà perdu plus de 30 millions d’euros. 

30 millions ramenés à 13 milliards d’euros d’investissements chaque année peut paraître limité, mais quand on additionne le manque à gagner de l’ensemble des entreprises concernées, la facture monte très vite et c’est un coup dur porté à la compétitivité de nos entreprises.

Impossible de contourner les décisions de Trump

La solution serait de faire de l’euro une monnaie d’échange internationale pour remplacer le dollar, aujourd’hui pratiquement incontournable quand une entreprise est implantée à l’étranger. Mais nous en sommes loin et l’Europe doit se mettre elle-même d’accord sur son propre projet.

Ce sujet a été largement évoqué ce week-end aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence. C’est d’ailleurs lors de ces Rencontres que Rodolphe Saadé a annoncé sa décision de faire sortir CMA-CGM du jeu iranien. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a rebondi en déclarant que les États-Unis visent à affaiblir le camp européen, notamment en divisant le moteur économique de la zone euro : le couple franco-allemand.

Face à ce qui est une vraie guerre commerciale, Bruno Le Maire appelle à réagir de manière unie : "Washington doit s’attendre à une riposte ferme et forte de la France mais main dans la main avec ses partenaires européens", a-t-il insisté. Reste à savoir quand et comment.

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