Le brief éco. Existe-t-il réellement un risque financier Le Pen ou Mélenchon ?
Les investisseurs financiers sont inquiets du résultat de l'élection présidentielle en France. Certains sondages donnent Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon face à face au second tour. Deux candidats favorables à la sortie de la zone euro.
Jamais élection présidentielle n’aura suscité autant d’intérêt de la part des investisseurs financiers. En janvier, on parlait de l’inquiétude du risque Marine Le Pen au second tour. Place, cette fois, à Jean-Luc Mélenchon. Et quand on additionne les deux, le cocktail devient explosif.
Les investisseurs voient d’un très mauvais œil ce que laissent entendre certains sondages : les Français contraints, au second tour, de choisir entre deux candidats favorables à la sortie de la zone euro, avec son risque inflationniste, et dont les programmes budgétaires sont très coûteux (jusqu’à 273 milliards d’euros pour Jean-Luc Mélenchon).
Il est vrai, du côté des bourses, les journées ont été plus agitées qu’elle ne le sont en ce moment. Mais le plus significatif, ce sont les taux d’intérêt qui fixent le montant du remboursement de notre dette. 70% de la dette souveraine de la France est aujourd’hui détenue par des étrangers.
Le "spread" est au plus bas
Ce que l’on appelle le "spread" (l’écart de taux entre la France et l’Allemagne) ne cesse de se creuser en faveur de Berlin. L’écart est aujourd’hui de 70 points de base, au plus haut depuis six semaines.
Concrètement, mardi 11 avril, l’Allemagne remboursait sa dette à un taux de 0,2% sur 10 ans, contre 0,9% pour la France. 0,7% de différence, ou 70 points de base. Au final, tout cela se chiffre en milliards d’euros, la facture grimpe très vite.
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en feraient probablement la triste expérience à un niveau bien supérieur, car les investisseurs n’accepteront jamais de placer leur argent dans un pays désireux de quitter la protection de la monnaie unique, et dont les trajectoires budgétaires font exploser les compteurs.
Le Pen et Mélenchon se veulent rassurants
En public, les candidats disent pis que pendre des marchés. Mais, une fois descendus des estrades, en coulisses, ils font passer un message plus mesuré. Mercredi 12 avril, les conseillers économiques des candidats à la présidentielle s’exprimaient devant l’Ajef, l’Association des journalistes économiques et financiers. Qu’a-t-on entendu de la part des conseillers de Marine Le Pen et Jean-luc Mélenchon ? : "Avant de quitter la zone euro, nous discuterons avec nos partenaires", "Rien ne se fera sans concertation préalable", etc. Un message qui se veut rassurant.
En réalité, les politiques qui aspirent au pouvoir n’ont aucun intérêt à se mettre à dos les marchés. Une dette attaquée, c’est le pouvoir d’achat des Français qui s’en ressentirait. Quant aux marchés, ils n’ont aucun intérêt à faire exploser le système dont ils vivent. C’est, en quelque sorte, un jeu bien senti. La campagne électorale n’est que le reflet de ce rapport de force, avant les vraies hostilités.
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