Le brief éco. Boiron, victime de la guerre des granules
Boiron, numéro un français de l’homéopathie, commence à faire les frais du déremboursement programmé de ses médicaments.
Le laboratoire lyonnais Boiron vient de publier ses ventes, et elles chutent de près de 8% sur 2019. La conséquence du déremboursement annoncé de l’homéopathie par la Sécurité sociale qui va être progressif. Depuis le 1er janvier, ces traitements ne sont plus pris en charge qu’à 15% par la sécu, contre 30% précédemment, avant un déremboursement total celui-là, en 2021.
Boiron accuse déjà le coup
C’est le résultat d’au moins deux ans d’une véritable guerre d’usure entre pro et anti-homéopathie. Pour expliquer sa chute d’activité, Boiron parle d’un “contexte de fort dénigrement de l’homéopathie”. Car depuis qu’il a eu vent du projet de déremboursement de ces médicaments, le laboratoire n’a cessé de ferrailler pour tenter de faire renoncer le gouvernement, affirmant qu’une telle mesure condamnerait 1 300 emplois sur les 2 500 que compte Boiron en France. Depuis, l’entreprise, et son plus petit concurrent Lehning, ont déposé des recours au Conseil d’État. À ceux qui fustigent l’efficacité de leurs traitement, les pro-homéopathie répondent qu’un patient suivi par un médecin homéopathe coûte, selon eux, 35% de moins à la Sécurité sociale, qu’un malade soigné de façon conventionnelle. Ils mettent aussi en avant le coût dérisoire de l’homéopathie pour l’assurance maladie : à peine 0,3% des remboursements de médicaments selon leurs calculs. Pas très étonnant finalement, quand on sait que l’homéopathie ne représente qu’un peu plus de 1% du marché français du médicament, estimé lui à 55 milliards d’euros.
Un coup sévère pour Boiron
Il est sévère parce que la France est son principal marché, et de loin, avec 60% de ses ventes. Autant dire que le déremboursement va peser très lourd dans ses comptes dans les années qui viennent. Boiron est aussi trop dépendant des médicaments jusqu’ici remboursables, et qui représentent plus des deux tiers de son offre, comme les granules de Gelsemium, d’Igniatia ou de Nux vomica. Au total, quelque 1 200 produits sont concernés. Contrairement au célèbre Oscillococcinum, en libre service et non remboursé.
Le taux de remboursement était passé de 65 à 35% en 2003
Cette chute drastique en 2003 avait été suivie en 2011 d’un nouveau coup de canif pour passer à 30%, taux qui a tenu jusqu’à l’an dernier. Une lame fond qui aurait dû pousser Boiron à se diversifier, plutôt que de s’accrocher à ses petites granules. Le laboratoire peut tout de même compter sur une confortable trésorerie d’au moins 200 millions d’euros. De quoi voir venir, et même faire quelques emplettes.
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