Immobilier : le logement neuf toujours dans l’impasse
Le logement neuf traverse une mauvaise passe : les ventes sont en berne, et les annulations de réservations s’accélèrent.
D’après les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique, la production d’immobilier neuf a toujours du plomb dans l’aile en France. Elle peine même à retrouver ses niveaux d’avant la pandémie. Au deuxième trimestre, les commercialisations de logements neufs ont ainsi chuté de 11,7% par rapport à la même période de 2021, une année de rattrapage après les confinements de 2020.
Le recul des ventes de neuf est plus marqué pour les maisons individuelles que pour les appartements. Comme il y a moins de biens à vendre, les réservations dégringolent : moins 13%, toujours sur un an. Et même moins 20% par rapport à 2019, la dernière année avant le Covid. Sur le dernier trimestre, 13,5% de ces réservations ont fait l’objet d’une annulation, en hausse de plus de 3% sur un an.
Hausse du prix des matériaux
Le marché du neuf est en perte de vitesse tout d’abord parce qu’il subit l’explosion des prix des matériaux de construction. Ils avaient déjà beaucoup augmenté au moment de la sortie du Covid, la guerre en Ukraine n’a fait qu’aggraver les choses.
Face à la flambée de leur coûts, les constructeurs n’ont d’autre choix que de répercuter comme ils le peuvent cette hausse à leur clients. S’y ajoute l’impact de la nouvelle réglementation environnementale RE2020, pour plus d’efficacité énergétique, qui rogne un peu plus leurs marges, et la difficulté d’obtenir des permis de construire dans les zones urbaines. Résultat, les prix de vente des logements neufs ont encore augmenté de 5% en moyenne sur un an.
Si la plupart des constructeurs s’en sortent encore pour l’instant, d’autres jettent l’éponge, comme Geoxia, le propriétaire des Maisons Phénix, très en vogue dans les années 70 pour ses habitations bon marché. Fragilisée par les effets successifs de la pandémie et de la guerre en Ukraine, l’entreprise a récemment été placée en redressement judiciaire.
Des acquéreurs doivent renoncer à acheter
Les annulations de réservations s’expliquent en grande partie par les refus de prêts immobiliers qui touchent surtout les primo accédants. Avec la hausse des taux d’intérêt, de plus en plus de dossiers sont jugés trop risqués par les banques, qui exigent des apports toujours plus élevés. Face à ces complications, bon nombre d’acquéreurs doivent renoncer. Il y a aussi la hausse des prix, jugée dissuasive par beaucoup. À l’heure où l’inflation grignote les budgets, les futurs acquéreurs se montrent plus vigilants, et n’hésitent pas à reporter leurs projets d’achat.
D’après le dernier baromètre épargne et placements de l’institut Audirep pour BPCE, la maison mère des Caisses d’Épargne, seuls 21% des Français jugent le moment favorable pour un achat immobilier. Un niveau encore plus bas qu’il y a deux ans, pourtant en pleine crise sanitaire.
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