EDF : pourquoi l’opération de renationalisation est-elle prolongée ?
L’Autorité des marchés financiers a décidé de rallonger la durée de l’offre publique d’achat lancée par l’État. En cause : la résistance de petits actionnaires
Déjà propriétaire de 84% du capital de l’énergéticien, l’État a récemment lancé une offre publique d'achat (OPA) sur les 16% d’EDF restant actuellement cotés à la Bourse de Paris. Mais certains actionnaires contestent le prix de l’action fixé par l’État : 12 euros par titre, alors que cinq millions de Français avaient payé 32 euros au moment de la privatisation d’EDF en 2005. Les contestataires demandent, a minima, une opération blanche avec une revente des titres au prix d’introduction, moins les dividendes perçus depuis 17 ans… ce qui ferait quelque 16 euros, au lieu des 12 proposés par l’État aujourd’hui.
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Les petits actionnaires en question font valoir également que l’entreprise est aujourd’hui sous-évaluée et que ses recettes sont injustement pénalisées par un mécanisme imposé par l’État. Ce mécanisme, baptisé ARENH – "Accès régulé à l'électricité nucléaire historique" –, oblige EDF à vendre de l’électricité à bas prix à ses concurrents, de petits fournisseurs alternatifs, pour limiter la facture des foyers. Un système objectivement handicapant pour EDF qui s’apprête à annoncer une dette de 60 milliards d’euros. C’est la stratégie industrielle de l’État et des gouvernements successifs depuis 20 ans qui est indirectement pointée du doigt par les actionnaires protestataires.
Le 2 décembre, un recours a été déposé devant la cour d’appel de Paris et le tribunal de commerce pour annuler le feu vert donné à l’opération par l’Autorité des marchés financiers. L’AMF décide de proroger l’OPA mais ne donne aucune nouvelle date pour la fin de l’opération qui, normalement, devait être bouclée le 22 décembre 2022. Autant dire que, contrairement à ce qu’il attendait, l’État ne trouvera très probablement pas EDF aux pieds du sapin cette année.
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