Lutte contre le Covid-19 : en Amérique du Sud, le succès problématique d'un traitement à l'efficacité non prouvée
Après l’hydroxychloroquine, la croyance dans un autre traitement miracle contre le Covid-19 pose problème en Amérique du Sud. Il s'agit de l’ivermectine : un traitement contre les parasites très utilisé alors que son efficacité n’a pas été prouvée.
C’est un peu l’hydroxychloroquine de l’Amérique du Sud : un traitement contre les parasites est aujourd’hui très utilisé par des patients et des médecins. Pourtant il n’a pas prouvé son efficacité. L’Ivermectine est un médicament antiparasitaire utilisé contre la gale mais aussi comme soin vétérinaire pour traiter les chiens ou le bétail contre les larves, les poux, les puces et autres acariens. Il est peu coûteux en vente libre et depuis qu’une étude préliminaire australienne faite au printemps dernier a montré que la substance réduisait la présence de coronavirus sur des cellules humaines en laboratoire, sa consommation a grimpé en flèche sur le continent sud-américain.
Une étude préliminaire positive, des dizaines négatives
Aujourd’hui, près d'une trentaine de publications, revues et corrigées, estiment que l'Ivermectine n’a pas prouvé son effet contre le Covid-19. En plus, cette fameuse étude préliminaire australienne n’a jamais été publiée dans un journal scientifique à comité de lecture. D’autant qu’elle a utilisé des données de l’entreprise Surgisphère, celle au coeur d'un scandale en juin dernier parce qu'elle disait avoir récupéré les dossiers médicaux de plusieurs centaines d’hôpitaux dans le monde entier, sans vouloir le prouver. Cela a conduit le journal médical The Lancet a retiré une étude sur les dangers de l’hydroxychloroquine. Certes, l'Ivermectine est étudié depuis longtemps mais en croyant prendre un médicament miracle, beaucoup de patients baissent la garde face au coronavirus, voire s’intoxiquent avec un surdosage.
Un risque pour les essais cliniques
Il faut dire que les autorités sanitaires elles-même, au Pérou et en Bolivie, ont recommandé de l’utiliser parmi d’autres traitements. Elles ont produit et distribué des doses aux habitants, malgré la fragilité des preuves scientifiques. Aujourd’hui cela pose des problèmes pour les essais cliniques qui se poursuivent pour vérifier réellement son efficacité. Il devient très difficile de recruter des patients qui n’ont pas déjà pris l’anti-parasitaire. L’ancienne ministre péruvienne de la Santé explique que sur dix personnes qui viennent participer à un essai, huit ont déjà pris l'Ivermectine et ne peuvent donc pas participer à l’étude. Il sera impossible selon elle de trouver des milliers de patients pour les essais de phase 3. Une entreprise française, Medincell, voudrait quand même tester cette substance dans un médicament lors d’un essai clinique l’an prochain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.