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Le vaccin contre le Covid ne sera pas obligatoire : Emmanuel Macron parie sur l'incitation, comme pour la grippe

Emmanuel Macron espère débuter une campagne de vaccination contre le Covid-19 fin décembre ou début janvier. En l'état des connaissances, les bénéfices d'une vaccination obligatoire sont incertains.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une personne reçoit une injection d'un vaccin. Photo d'illustration. (RODGER BOSCH / AFP)

Vacciner dès la fin de l'année ou en début 2021 est jouable puisque les candidats vaccins de Pfizer et BioNTech et de Moderna comptent demander une autorisation de commercialisation à la Food and Drug Administration aux États-Unis sous peu. Une fois que les autorités européennes et françaises auront accès aux données détaillées des secrets de fabrication de ces vaccins, elles pourront valider ou non leur mise sur le marché. La production a déjà commencé. Les laboratoires soutenus par les finances publiques, en particulier de la Biomedical Advanced Research and Development Authority (Barda) aux États-Unis ont mis en place leur chaîne de fabrication avant même d'avoir le blanc-seign des autorités sanitaires. Un pari fou mais pour répondre à l'urgence sanitaire.

Une incitation pour les plus fragiles et le plus exposés

Mardi 24 novembre, Emmanuel Macron a déclaré qu'il ne rendrait pas la vaccination obligatoire. Si les vaccins sont validés par les autorités compétentes européennes et française, le chef de l’État table sur une campagne un peu comme pour la grippe, avec une incitation pour les plus fragiles et le plus exposés, mais pas pour tout le monde…et c’est assez normal pour l’instant. La Haute Autorité de Santé doit déterminer d’abord quels seront les publics prioritaires pour se faire vacciner. Mais elle ne pourra le dire que lorsqu’elle aura eu accès aux données scientifiques sur les vaccins. Pour l’instant, les résultats de leurs essais cliniques ne sont donnés que par communiqué de presse des laboratoires . 

Il manque des données sur les vaccins. On ne sait pas encore s'ils permettent d’éviter de faire des formes graves de la maladie ou si, en plus, ils empêchent les patients de transmettre la maladie. Et est-ce qu’ils sont efficaces sur ces deux points pour tout le monde, en particulier pour les personnes âgées, comme semblent le montrer les résultats partiels communiqués par AstraZeneca. Ce sera déjà bien si l’on diminue le nombre de personnes qui vont à l'hopital à cause du Covid-19, mais cela ne suffira pas à créer une immunité collective et éteindre le virus complètement. En l'état des connaissances, imposer une vaccination obligatoire, notamment aux jeunes qui font peu de formes graves, est donc prématuré.   

Emmanuel Macron a repris mardi 24 novembre l’idée du conseil scientifique de créer un collectif citoyen sur la vaccination. Ce collectif doit aider le gouvernement à faire la transparence sur l’efficacité, les effets secondaires, la durée de l'immunité. Une transparence qu’aimerait bien faire aussi les chercheurs en attente de données plus précises. Il faut dire que la France est l’un des pays où il y a le plus "d’hésitants vaccins". Les sondages d’opinion se succèdent pour dire que moins de la moitié des personnes interrogées se feront vacciner contre le Covid. Pourtant, près de 11 millions de Français se sont faits vacciner contre la grippe cette année. Pour l'instant, le gouvernement a sécurisé au moins 30 millions de doses, cela laisse le temps de mettre à l'abri les plus fragiles en attendant d'en savoir plus sur l'immunité apportée par ces vaccins.

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