Le billet vert. Une expédition franco-norvégienne part aux Kerguelen explorer les archives du climat en milieu hostile
Quatre scientifiques français partent mercredi avec une équipe norvégienne sur les îles Kerguelen. Ils font faire des prélèvements dans les fonds de certains lacs.
Ce n’est pas le Voyage au centre de la Terre, mais c’est quand même une expédition délicate dans les terres australes pour tenter de progresser encore sur la connaissance du climat : quatre scientifiques français partent mercredi 9 octobre avec une équipe norvégienne. Ils vont sur les îles Kerguelen, dans les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf) du sud de l’océan Indien
L'équipe va faire des prélèvements dans les fonds de certains lacs et c’est un voyage dans le temps. Ces chercheurs vont tenter de remonter 12 000 ans en arrière. Ils vont faire des carottages dans six lacs de l’archipel. Mais les conditions sont extrêmes. D’abord pour aller sur place, il faut prendre le bateau ravitailleur français, le Marion-Dufresne, qui met 15 jours à faire la route depuis l'île de La Réunion. Ensuite on est au sud de l’océan Indien, un peu au milieu de nulle part, à la confluence des 40e Rugissants et des 50e Hurlants.
Une barque s’est déjà renversée lors des repérages. Il y a des refuges mais personne ne vit à temps plein dans l’archipel. Les scientifiques vont vivre pendant des semaines dans des cabanes en bois de deux mètres sur deux. Ils ont six tonnes de matériel à gérer. C’est en quelque sorte le prix du savoir dans le domaine climatique. Certains d’entre eux sont heureusement préparés. Ils ont une double qualification, scientifique et guide de haute-montagne.
Collecter des informations sur le climat
L’outil, c’est le carottage. Les scientifiques vont faire des prélèvements de sédiments à 15 voire 20 mètres de profondeur. Ils vont ensuite exploiter ces données à Chambéry pour dresser des archives du climat. Ils vont puiser dans un endroit qui est difficilement accessible. Pas seulement à cause des conditions météo mais aussi parce que l’archipel est une réserve naturelle classée au patrimoine de l’Unesco. Il a fallu 18 mois pour préparer la mission et avoir les autorisations.
Des éléments sur la variation des vents doivent notamment être recueillis. Cela peut servir à ajuster les modèles climatiques, même si on est à une échelle locale.
L’idée, c’est de mieux connaître les vents qui se contractent autours de l’Antarctique. Derrière, il y a l’impact sur le réchauffement des océans. C’est le laboratoire Edytem de l‘université Savoie-Mont-Blanc qui pilote cette expédition. Il a travaillé notamment sur la grotte Chauvet et l’état inquiétant des Alpes. Il est soutenu par l’Institut polaire Paul-Emile-Victor.
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