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Le billet vert. Comment lutter contre les décharges sauvages ?

L’abandon de déchets dans la nature est un fléau pour les riverains et les élus locaux. La mort du maire de Signes (Var) le 5 août dernier a montré que la situation pouvait dégénérer. Le gouvernement et les élus tentent de trouver des solutions.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une décharge sauvage, à Maffliers (Val-d'Oise) le 18 avril 2019. (OLIVIER BOITET / MAXPPP)

Pour lutter contre les décharges sauvages, il y a ceux qui ont décidé d'utiliser la manière forte, comme le maire de Laigneville dans l’Oise. Agacé par les dépots sauvages sur les chemins de sa commune, il a eu l'idée de renvoyer le chargement à l’envoyeur. En fouillant dans les déchets, il a retrouvé les coordonnées du propriétaire des gravats qu'il a réunis dans un camion benne de la mairie pour les déposer dans le jardin du délinquant.

La méthode a eu assez vite des effets. Selon cet élu, les dépôts sauvages sont passés de quatre à cinq par semaine, à trois par an. D’autres élus lui ont emboîté le pas. À Ham dans la Somme, c’est une salle de bains entière que le maire et ses agents sont allés rapporter à un habitant parti sur une commune voisine.

L'électrochoc avec la mort du maire de Signes

Le 5 août dernier, Jean-Mathieu Michel, maire de Signes dans le Var, a été mortellement renversé alors qu’il venait de prendre sur le fait deux hommes en plein dépôt sauvage. Depuis cet événement, de nombreux élus sont sous le choc et se disent que cela aurait pu leur arriver tant ils sont confrontés au problème.

Même si l'ampleur du phénomène est difficile à estimer. L'an dernier, une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) chiffrait à une vingtaine de kilos par an et par habitant la quantité de dépôts sauvages. La moitié de ces dépôts vient de particuliers indélicats et un quart d'artisans, la partie restante étant plus difficile à déterminer.

Rendre l'accès aux déchetteries gratuit pour les artisans

Les élus attendent beaucoup de la future loi contre le gaspillage qui arrive au Parlement à l'automne. Elle prévoit en effet de prélever une contribution sur les matériaux de construction pour financer une nouvelle filière et surtout rendre l'accès des déchetteries gratuit aux artisans. Mais il va falloir en créer beaucoup puisqu'il y en a moins de 400 pour les professionnels, alors qu'elles sont dix fois plus nombreuses pour les déchets ménagers. Il en faudrait au moins une tous les 20 km à partir de 2023.

Il en va de la responsabilité de chacun. Les particuliers qui font ou font faire des travaux chez eux doivent s'assurer qu'ils ont bien accès à une déchetterie. Ils peuvent aussi demander une preuve écrite à leur entrepreneur, qui leur a facturé l’enlèvement des gravats, qu'il ne les a pas déposés dans la nature. Il y a également aujourd'hui des entreprises, comme Bellastok ou Bati Récup, qui ré-utilisent les matériaux. La société Bati Récup, créée par l'architecte Sarah Fruit, est née d'un constat. Dans le premier projet qu'elle menait une porte était jetée. Elle correspondait parfaitement aux exigences de son autre chantier en cours. L'architecte s'est donc rendu compte qu'il fallait créer un pont entre le monde de la construction et celui de la déconstruction.

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