Covid long : Des enfants et adolescents aussi sont touchés
Des associations de patients se battent pour faire reconnaître les complications à long terme du Covid-19 comme une maladie à part entière. Un long combat, en particulier pour les enfants qui en souffrent.
La maman d'Hadrien, 14 ans, raconte à Sciences et Avenir qu'il est tombé malade en mars et que depuis, son état de santé a empiré. Au printemps, c'était comme s'il avait eu une sorte de grippe, mais il n’a pas été diagnostiqué Covid. À l'époque, il n'y avait pas de test. Depuis, cet adolescent de 14 ans plutôt sportif a enchaîné les problèmes de santé : des plaques rouges au visage, des maux de tête, de la tachycardie. En septembre, il s’est évanoui deux fois à l’école, aujourd'hui, il souffre d’une fatigue chronique. Rien à voir avec la flemme qui gagne certains adolescents, mais sa mère a du frapper à beaucoup de portes avant d’être prise au sérieux.
Des témoignages comme celui-ci, l’association Covid long AprèsJ20 en reçoit des dizaines et ils sont encore plus nombreux en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, où les autorités sanitaires viennent d’ouvrir des centres médicaux pour comprendre comment des enfants en pleine forme se retrouvent six mois après avec un état de santé très dégradé. Exactement comme les adultes.
Des symptômes légers au moment de l'infection
Les médecins sont perplexes face à ces patients jeunes qui n'ont pas fait de formes graves de la maladie : ils ne sont pas allés en réanimation, ou même à l'hôpital. "Le premier réflexe qu'ils ont, c'est de nous dire de prendre un xanax parce que c'est dans notre tête", explique l'une des porte-parole de l'association. La Haute autorité de santé vient de publier son protocole de prise en charge des Covid longs et certains médecins se penchent sur la piste d'une atteinte neurologique. Le virus entre par le nez, irrite le nerf olfactif, beaucoup de patients perdent l’odorat. Mais parfois, il va plus loin et atteint le système nerveux et le cerveau.
C’est ce qu’a montré l’étude du professeur Eric Guedj, de l’hôpital de la Timone à Marseille, fin janvier, dans la revue European Journal of Nuclear Medecine. Il compare des scanners cérébraux de patients sains et de patients Covid, y compris qui n'avaient eu que des symptômes légers au moment de leur infection. Quand le virus arrive à entrer dans l’hippocampe, l’amygdale et le tronc cérébral, il peut perturber la respiration, l’équilibre et beaucoup d’autres fonctions, explique le médecin. Il est aujourd'hui sollicité pour comprendre ce qu'il se passe pour ses enfants. Est ce une conséquence du Covid dont ils ont eu une forme bénigne au départ ou auraient ils déclenché ces problèmes neurologiques de toute façon ?
La demande d'une meilleure prise en charge
La reconnaissance de la maladie permettra aux patients d’être mieux pris en charge par les soignants. Pour les enfants, c'est aussi la possibilité de suivre des cours par correspondance quand ils ne sont pas en état d’aller à l’école, comme Hadrien. Pour les adultes c'est la possibilité d'avoir des arrêts de travail quand il le faut. C’est d’ailleurs ce que veut demander la députée Patricia Miralles, dans une proposition de résolution rédigée avec Julien Borowczyk pour mieux prendre en charge les complications à long terme du Covid-19, qui doit être votée mercredi à l’Assemblée nationale.
L’OMS prépare une estimation plus précise du nombre d’enfants touchés par cette forme longue de la maladie car elle évalue pour l’instant à 10% la proportion des patients en souffrant plus de six mois après avoir été infectés.
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