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Covid-19 : les vaccins à ARN messager suscitent l'espoir de guérir d'autres maladies

L’Agence européenne du médicament doit donner son feu vert mercredi au vaccin Moderna. Un autre vaccin, après celui de Pfizer-BioNTech, qui utilise la technologie de l’ARN messager. Une technique qui suscite des soupçons mais aussi beaucoup d'espoirs. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un patient se fait vacciner. Photo d'illustration. (LINDSEY PARNABY / AFP)

Un médecin généraliste disait il y a quelques jours sur franceinfo que ses patients doutaient de ces nouveaux vaccins à ARN. Ils les assimilaient à l'OGM et donc n'avaient pas confiance dans leur nouvelle formulation. Pour faire comprendre ce qu'est l'ARN messager, Steve Pascolo, immunologiste à l’université de Zurich et l'un des pionniers de cette technique, aime bien utiliser la métaphore de la bibliothèque. Notre ADN est comme un livre, le noyau de nos cellules ressemble à des étagères qui contiennent toutes les mêmes livres, l’ARN est une photocopie de quelques pages d’un livre que vont réciter nos cellules.

Toutes nos cellules ont le gène de l'insuline mais il n'y a que celles de notre pancréas qui font la photocopie de la recette.

Steve Pascolo

immunologiste à l'université de Zurich

L’ARN messager est un message envoyé par photocopie puis détruite pendant que l’original reste bien au chaud dans le coffre de nos cellules. Une fois que les chercheurs ont trouvé le "message" qu’ils veulent passer à nos cellules, en l’occurrence celles de certains gènes du Sars-CoV2, ils le synthétisent en laboratoire et le passent à notre machine moléculaire avec un enzyme pour le lire et des lipides, de petites molécules de graisse, pour le protéger.

C’est un vaccin sans adjuvant chimique et qui est doit être conservé à -80°C. D’où les difficultés logistiques de chaîne du froid jusqu’au patient. Mais pas besoin de cultiver les cellules du virus dans de grandes cuves ou dans des œufs de poule. Ce sont des "vaccins végans" , explique Steve Pascolo. Surtout, ils prennent moins de temps à être fabriqués. Steve Pascolo rappelle que de nombreux vaccins utilisent déjà l'ARN de virus atténué. Là, il s'agit d'un ARN synthétique. Ce qui est nouveau c'est d'utiliser l'ARN pur de façon stable même si la conservation des vaccins est très particulière. 

L'ARN messager contre d'autres virus et certains cancers ?

Si certains entendent "OGM" avec ces vaccins à ARN, d'autres entendent le mot espoir. Ils pensent pouvoir aussi utiliser cette technique pour toutes les maladies virales, Zika, Chikungunya, Ebola, pour lesquelles des essais de phase deux sont même en cours. Même chose contre les cancers : en codant les tumeurs, les chercheurs pensent apprendre à notre corps à les faire régresser. Il s’agit ensuite de créer un vaccin propre à chaque patient. BioNTech travaille sur les cancers du sein, de la peau, du pancréas, et Moderna sur celui du larynx et de la bouche. La start up basée aux Etats-Unis s'est lancée aussi dans la recherche contre les maladies cardiaques en espérant réparer les vaisseaux sanguins.

Enfin en alliant l’ARN à la thérapie génique, les scientifiques cherchent des solutions contre la mucoviscidose, la myopathie. La pandémie de Covid-19 représente un baptême du feu. Pour la première fois, ces vaccins sont injectés en intra musculaire à une grande masse de populations, on verra quelle est la durée de leur efficacité. Si elle est prouvée, on entendra encore longtemps parler d’ARN messager.  
 

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