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Le masque nous rend plus beaux

"Plus attractifs", plus beaux : réduire la vision d'une partie du visage par les masques, attirerait plus l'attention. Après deux ans de Covid-19, de nouvelles études montrent que notre cerveau idéalise la partie du visage qu’on ne voit pas.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les masques nous embelliraient ? (Illustration) (OSAKAWAYNE STUDIOS / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Cette semaine,  on a commencé à abandonner le masque à l’extérieur. Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloonnous parle aujourd'hui d'un double phénomène, agissant sur le regard des autres à notre égard, quand nous portons un masque. 

franceinfo : Des psychologues prouvent que ces masques avaient tendance à nous rendre plus beaux ?

Mathilde Fontez : Pas sûr que ça nous incite à le garder exprès, on en a sans doute trop marre. Mais oui : pour reprendre les mots des psychologues de l’université de Cardiff qui ont mené l’étude, "le masque nous rend plus attractifs". Ce que montrent ces chercheurs, c’est qu’il y a deux effets qui se cumulent : l’effet du visage caché, et l’effet du masque médical en lui-même.

Le premier est assez contre-intuitif : qu’est-ce qui se passe quand on regarde une personne masquée ? On imagine automatiquement, sans même s’en apercevoir, la partie manquante. Or, les chercheurs ont longtemps pensé que ça pouvait être  négatif simplement parce que ça nous demande un effort : l’information du visage est plus difficile à traiter – puisqu’elle est en partie manquante. Du coup, c’est moins agréable de regarder ce visage. Et par association, on pensait qu’il serait jugé moins agréable tout court : moins beau.

Sauf que ce n’est pas le cas…

Non. Ce n’est pas ça qui prend le dessus. Ce qui prime, c’est le processus même de reconstruction de la partie cachée du visage par le cerveau. Et ce que les chercheurs voient, c’est que quand on fait ça, on n’invente pas de défauts : on construit spontanément une image aux propriétés optimales.

On idéalise la configuration du visage qu’on ne voit pas. En gros, notre cerveau construit la partie masquée sur une hypothèse, une extrapolation parfaite : un joli nez, une symétrie, un menton aux proportions idéales.

Pourtant le masque chirurgical, ça n’a rien d’anodin, c’est associé à la maladie…

Oui, et c’est le deuxième effet. On pensait que d’afficher comme ça un symbole de la maladie sur son visage, ça pourrait avoir un effet négatif sur la perception, et nous rendre moins attrayant. Cela avait même été testé dans des études précédentes. Sauf que ces études ont été reproduites après deux ans de Covid-19 : et tout s’est inversé.

Dans les expériences, les visages cachés par un masque chirurgical, ou même en tissu, ont été perçus plus beaux que ceux qui étaient cachés par exemple par un livre. Les chercheurs interprètent ça comme un changement de nos normes sociales : le masque chirurgical était associé avant à une peur, à un rejet de la maladie. Et aujourd’hui, il évoque plutôt – sans qu’on en soit vraiment conscients – la lutte contre la maladie : le médecin, l’infirmier, qui sont devenus des icônes avec la pandémie, des icônes positifs.

Bref, avec le masque, on est doublement plus beaux ! Alors c’est sûr, c’est un détail, mais c’est tout de même assez renversant de s’apercevoir tout ce que la pandémie de Covid a changé, jusqu’à notre perception...

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