Ultra-trail : qui est Aurélien Sanchez, le premier français à avoir terminé et remporté la Barkley aux États-Unis ?
Une première en plus de 35 ans. Dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 mars, un Français a terminé et remporté un mythique ultra-trail des États-Unis : la Barkley, une course de 160 à 200 kilomètres, avec 20 000 mètres de dénivelé positif. Les participants ont 60 heures pour la boucler. Aurélien Sanchez a mis 58 heures et 23 minutes, sachant que personne n’avait fini la course depuis 2017. Depuis le début, en 1986, ils sont 17 à l’avoir terminée, sur plus de 1 000 concurrents.
Pour comprendre l’exploit d’Aurélien Sanchez, il faut écouter l’organisateur de cette course sans balisage, dans les montagnes sauvages du Tennessee, dans le brouillard, et qui s’inspire de l’échappée d’un prisonnier du pénitencier qui se trouve sur le parcours. Cet organisateur, le vieux Gary "Lazarus Lake", un Américain à grosse barbe blanche, donne le départ ... en s’allumant une cigarette : "Il est l’heure d’allumer la cigarette ! Tout le monde est prêt à passer un bon moment ?", l'entend-on dire dans un documentaire de l'Équipe explore, Les finisseurs, réalisé par Alexis Berg et Aurélien Delfosse.
"Il faut être assez courageux. Car en prenant le départ, on laisse tout derrière soi pour se retrouver dans les bois. On ne peut compter que sur soi. Son talent, sa force, sa créativité… C’est ce qui permet d’en revenir vivant", poursuit Gary "Lazarus Lake".
Premières armes au football
Et Aurélien Sanchez a visiblement réussi à en sortir vivant. Cet extra-terrestre de 32 ans est né près de Carcassonne, et a grandi dans la région de Limoux (Aude). Il a fait une école d’ingénieur, l’Institut des sciences appliquées (INSA) à Toulouse. Le sport, au départ, c’était le foot. Il a joué pendant 16 ans, notamment au Limoux football club.
Mais il découvre la randonnée à Phoenix, en Arizona, où il passe quatre années qui changent sa vie. Il se met à la marche, puis au trail et à l’ultra-trail. Son héros : l'explorateur Mike Horn. Aurélien Sanchez enchaîne les trails et quelques records, comme celui de la traversée des Pyrénées par le GR 10, en partant de Banyuls-sur-Mer direction Hendaye. Il l’a bouclée en 12 jours, sans la moindre assistance extérieure. Depuis qu'il est rentré en France en 2020, il s'est aussi illustré en Vendée, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, sur la course du "Dernier homme debout" (127 kilomètres et 4 420 mètres de dénivelé positif) en 13 heures et 54 minutes.
Mordu d'ultra-trail
Mais il s’attaque aussi à tous les grands trails du monde. Pour la Barkley, le tout est d’être sélectionné. Il faut donc pour cela enchaîner les courses. Et parfois échouer. Comme lors de la Chartreuse Terminorum, la petite sœur de la Barkley créée en 2017 en Isère (300 kilomètres, 25 000 mètres de dénivelé positif) : il avait été le premier à terminer la deuxième boucle de 100 kilomètres, avant d’abandonner dans la troisième. "Parfois ça passe. Souvent ça casse, mais quand ça passe c'est cool. Là, ça risque plus de casser que de passer", avait-il raconté, en plein effort, à une équipe du Dauphiné libéré qui l’avait suivi. "Je n’avais plus d’énergie, plus d’équilibre".
Pour être sélectionné pour la Barkley, depuis deux ans, il a aussi fait la Diagonale des Fous de La Réunion, l'Ultra-trail du Mont-Blanc, le Grand Raid des Cathares dans l'Aude ou encore la Terre des Dieux en Corse. Ils sont trois à avoir fini la Barkley cette année. Derrière Aurélien Sanchez, on trouve l'Américain John Kelly - qui l'avait déjà bouclée il y a quelques années - et le Belge Karel Sabbe, qui finit à six minutes du gong final des 60 heures.
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