Projet de loi Logement : "Ça va dans le bon sens", se félicite Jacques Chanut, le président de la fédération française du bâtiment
Le gouvernement a présenté, mercredi, son projet de loi Logement. Sur franceinfo, Jacques Chanut, le président de la fédération française du bâtiment, a estimé que les mesures étaient positives, mais qu'elles ne seraient efficaces que "dans trois voire quatre ans".
Le gouvernement a présenté, mercredi 4 avril, en conseil des ministres, son projet de loi pour doper la construction de logements en France. Baptisé Elan (Evolution du logement et aménagement numérique), ce plan est censé faciliter les constructions de logements, toujours en nombre insuffisants. Invité de "L'interview éco", le président de la Fédération française du bâtiment, Jacques Chanut, salue cette loi, mais reste prudent.
franceinfo : Cette loi va-t-elle dans le bon sens, notamment pour doper la construction ?
Jacques Chanut : Oui, je pense que ça va dans le bon sens. C'est une accumulation de mesures, qui sont souvent une reprise de demandes de professionnels. La seule chose, c'est qu'il va falloir du temps avant que ça ait une efficacité concrète. Quand vous changez une norme, lorsque vous luttez contre les recours abusifs, ça a des conséquences au bout de trois, quatre ans. Donc il ne faut pas croire que ça va avoir un effet immédiat. D'où l'importance, en attendant, de soutenir le secteur par des mesures d'accompagnement qui nous permettront d'attendre les effets bénéfiques de la loi Elan dans trois, quatre ou cinq ans.
Demandez-vous de l'aide à l'État ?
Non, ce qu'on demande, c'est qu'on ne change pas ce qui fonctionne. Aujourd'hui l'activité de ventes de logements, d'acquisitions et d'investissements fonctionne puisqu'on a des chiffres très élevés, notamment en 2017 de vente et donc de mise en chantier [426 100 logements mis en chantier en 2017]. Donc, ce qu'on demande c'est de ne pas jouer aux apprentis sorciers en supprimant des systèmes qui fonctionnent et qui permettent aux Français d'acquérir ou d'investir dans le logement (...) On demande à ce que la fiscalité soit juste pour l'immobilier. Or, elle est confiscatoire aujourd'hui. Et c'est pour cela qu'on est obligé de mettre des niches fiscales (...)
Cette loi prévoit aussi des mesures pour trouver de l'espace pour construire, dans les grandes villes, les zones tendues. C'est positif ?
En tout cas on voit bien que c'est le sujet majeur qui explique l'augmentation du coût du logement. La quote-part du coût de construction dans le coût de logement ne cesse de baisser (...) Or la partie foncière, elle, ne cesse d'augmenter (...) parce que le foncier est rare, parce qu'il est compliqué d'obtenir des autorisations (...) Je crois qu'il faut vraiment qu'on change de système à la fois sur la fiscalité, mais aussi sur le mode d'autorisation pour construire.
Construire moins cher, c'est aussi simplifier les normes. Le gouvernement s'y engage. Qu'est-ce que cela veut dire, concrètement, pour vous ?
C'est faire en sorte, par exemple, que les normes handicap ne soient pas contraignantes sur l'ensemble [des constructions]. Elles vont être allégées. Toutes les normes qui existent ont été faites avec une bonne intention (...) mais cette accumulation de normes rend difficiles et peu fonctionnelles un certain nombre de choses. Par exemple, quand vous avez des toilettes énormes par rapport à la taille de la pièce de vie, quand vous avez des chambres plus importantes que les pièces de vie (...) pour qu'une personne à mobilité réduite puisse se promener... Équiper 100% des appartements comme cela, ce n'est pas très raisonnable. Qu'ils soient adaptables, oui, mais qu'ils soient tous d'entrée prévus comme ça, je crois qu'on est allé un peu trop loin. Il faut maintenant retrouver un niveau qui permette à tous de choisir son appartement ou sa maison.
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