L’économiste Daniel Cohen : de "la solitude sociale" au vote populiste
Le professeur à l’Ecole d’économie de Paris publie "Les origines du populisme"
(Seuil)
Quel est le point commun entre les électeurs de Marine Le Pen et ceux de Jean-Luc Mélenchon ? Dans son nouveau livre, l’économiste Daniel Cohen étudie, sur la base de nouvelles enquêtes, les Origines du populisme.
L’insécurité économique, moteur du vote
Selon lui, ces électeurs ont bien "un dénominateur commun" : "L’insécurité économique", "ils sont plus pauvres que les autres". Pour le directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure, il y a bien "une corrélation très forte entre cette peur que la vie économique et la crise financière amènent et cette protestation contre la vie politique traditionnelle".
En revanche, ces deux électorats, de droite et de gauche, s’opposent sur de nombreux points. "Tout diverge", explique même Daniel Cohen. Ce qui les oppose surtout, c’est "le coefficient de confiance interpersonnelle, le coefficient d’empathie sociale".
Les électeurs de Marine Le Pen, de Salvini, de Trump, mais aussi les électeurs en faveur du Brexit ont une confiance envers les autres extrêmement faible (…) Ces électeurs se méfient de tout, des immigrés à leurs collègues de bureau et à leurs voisins
Daniel Cohensur franceinfo
"La subjectivité compte beaucoup", insiste-t-il, "mais cette subjectivité a elle-même une origine sociale. Les conditions de travail d’un transporteur routier ne sont pas du tout les mêmes que celles que pouvait avoir un ouvrier des usines Renault dans les années 1950 et 1960 (…) Sa solitude sociale est un des éléments importants pour comprendre pourquoi cette nouvelle classe populaire est davantage dans la défiance."
Les origines du populisme, de Daniel Cohen, Yann Algan, Elizabeth Beasley et Martial Foucault, paraît aux éditions du Seuil.
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