"Le mécontentement est largement majoritaire en France", pour le député insoumis Bastien Lachaud
Bastien Lachaud était l'invité du "19h20 politique", jeudi sur franceinfo, à l'occasion de la journée nationale d'action interprofessionnelle contre les réformes du gouvernement.
Cheminots, fonctionnaires, retraités, salariés de l'énergie mais aussi étudiants, ont participé, jeudi 19 avril à une journée nationale d'action interprofessionnelle, première tentative de construire un front commun contre les réformes menées par Emmanuel Macron. Invité de franceinfo jeudi soir, Bastien Lachaud, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, a déclaré voir un "début de convergence des luttes". Selon l'élu, "le mécontentement est largement majoritaire" en France.
franceinfo : 15 300 personnes ont défilé à Paris, contre 47 800 le 22 mars (comptage indépendant). Parlez-vous malgré tout d'une réussite ?
Bastien Lachaud : La mobilisation d'aujourd'hui montre un début de convergence des luttes, tout simplement parce que, quand les cheminots se mobilisent contre la réforme et la destruction de la SNCF, quand les étudiants se mobilisent contre la sélection à l'université, quand les personnels soignants se mobilisent pour permettre à chacun d'accéder à une santé de bon niveau, il s'agit d'une même lutte contre le pouvoir d'Emmanuel Macron qui organise le démantèlement de l'État, qui organise la destruction de la France et de la solidarité [et de] la fraternité qui étaient la base de la liberté de toutes et tous dans notre République. Donc c'est un seul et même combat qui unit l'ensemble de ces manifestants.
Quels sont vos objectifs derrière ces journées de manifestation ?
C'est clairement le recul du gouvernement Macron sur la SNCF, sur la sélection à l'université, l'ensemble de ces mesures qui confirment qu'Emmanuel Macron est le président des riches, qu'il n'a pas conscience des intérêts et des préoccupations des Français. Il est dans sa tour d'ivoire avec ses amis à qui il offre 6 milliards d'euros en supprimant l'impôt sur la fortune. Il ne se soucie pas des personnes qui voient leur pouvoir d'achat diminuer, que ce soit les retraités, les minimas sociaux, ou les travailleurs.
À quel moment estimerez-vous que le rapport de force sera inversé ?
Il faut continuer cette convergence. Il y a d'autres dates prévues. Le 1er mai aura cette année, je pense, une ampleur un peu particulière. Il y a évidemment la journée du 5 mai, qu'un collectif d'associations et de citoyens a lancée, et que La France insoumise soutient, des syndicats aussi. Ce n'est qu'une phase, une étape, avant un grand rassemblement qui pourrait réunir l'ensemble des confédérations syndicales, des partis politiques et des citoyens.
Quand des proches du président évoquent une "convergence des luttes d'extrême gauche seulement", ils se trompent ?
Je pense qu'ils méconnaissent la réalité profonde du pays, parce que le mécontentement est largement majoritaire. Il y a plus de 58 % des Français - si l'on en croit les sondages - qui s'opposent à la politique d'Emmanuel Macron. Il est un président minoritaire.
Les mêmes sondages évoquent aussi un président qui tient ses promesses de campagne jusqu'à maintenant...
Son programme était assez vide et peu précis, je ne sais pas exactement de quelle réforme vous parlez. La destruction du Code du travail, ce n'était pas dans son programme, la destruction de la SNCF non plus, la sélection à l'université non plus. Il a pris beaucoup de libertés.
Pensez-vous que dans les universités par exemple, il y a une majorité d'étudiants favorables à l'arrêt de la réforme ?
C'est toujours très compliqué, ce qui est sûr c'est que les assemblées générales sont de plus en massives, suite notamment à la répression du pouvoir. Et que ces assemblées votent le maintien du mouvement. Comme à Rennes par exemple, avec 3 000 personnes réunies en AG.
Et quand à Strasbourg, des milliers d'étudiants votent à 70 % pour la levée du blocage dans une consultation en ligne ?
Ils ont voté... C'est le contre-exemple.
Vous parliez des prochaines dates de mobilisation, craignez-vous une lassitude ?
Non, je ne pense pas. Au contraire, je pense que le mouvement s'enracine. Ce sont des moments où il est possible d'argumenter, d'expliquer. Parce que l'important, c'est quand même le contenu de ces réformes, qui vont entraîner, à terme, la destruction des petites lignes, une augmentation des coûts des billets, une diminution de la qualité de service. Si je dis ça, c'est que plein de pays ont déjà privatisé le rail. On a vu que dans tous les pays, c'est ça qui arrive quand on privatise. C'est le cas en Grande-Bretagne, avec en plus des accidents mortels.
Pour l'instant, le gouvernement exclut la privatisation...
Ils avaient fait la même chose avec EDF, la même chose pour La Poste, la même chose pour GDF. Au final, à chaque fois il y a eu privatisation. Les Anglais, à 70%, souhaitent aujourd'hui la renationalisation du réseau ferroviaire. Pourquoi faire en France ce qui ne marche pas ailleurs ?
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